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Entrevue avec Anaël Aubry de Performance Athlétique

Aujourd’hui, j’ai la chance de m’entretenir avec Anaël Aubry, qui agit à titre de préparateur physique pour Performance Athlétique à Évry (France) avec Xavier Barbier.  Anaël possède en background en soccer ainsi qu’en sports d’endurance.  Un certain débat fait rage présentement sur l’entraînement des filières énergétiques pour les sports intermittents et je trouvais pertinent d’avoir l’opinion d’une personne ayant un bagage dans cette concentration de l’entraînement.  Passons à l’entrevue sans plus tarder!

XR: Bonjour Anaël et tout d’abord, merci d’avoir accepté cette demande d’interview. Est-ce que tu peux nous présenter ton background sportif et ce qui t’a amené à travailler dans le domaine de la préparation sportive?

AA: Bonjour Xavier, mais de rien c’est avec plaisir que je fais cet interview avec toi.  Mon parcours sportif est assez riche.  Cela est peu commun, mais j’ai débuté par la danse, car ma soeur était danseuse en conservatoire (le haut-niveau pour la danse).  Je l’ai donc suivi, car je voulais faire comme elle.

Toutefois, comme beaucoup de jeunes Français, j’étais passionné de football; un fan invétéré, à jouer tous les jours avec les amis, découper les articles dans le journal, etc.  Je ne prenais pas de licence dans un club, puisque je préférais jouer pendant des heures avec les copains.  Je les ai justement accompagnés lors de tests de sélections pour rentrer en centre de préformation au cours de notre entrée au collège.  Il faut croire que mes parties de football amical avaient servi à quelque chose, puisque j’ai été sélectionné et donc dans l’obligation de passer enfin le pas.  J’y ai joué durant 4 saisons; d’abord comme avant-centre, pour ensuite descendre petit à petit jusque milieu défensif ou milieu droit.  Mes entraineurs s’étaient rendus compte de mes qualités aérobies et que c’est justement à ces postes que l’on répète le plus d’effort et couvre un maximum de terrain.  Ensuite, lors de mes deux dernières saisons, j’ai connu de nombreuses blessures qui m’ont poussé à vouloir m’orienter vers un sport moins traumatisant.

Ayant constaté mes qualités en course à pied (cross-scolaire) et en vélo (mon parrain était cycliste et je l’accompagnais sur certaines sorties), mon choix s’est orienté vers ces deux activités.  J’ai finalement choisi le cyclisme grâce à une connaissance de mon père.  J’ai rapidement gravi les échelons pendant trois saisons en cyclisme pour connaitre deux sélections sur des courses internationales.

Professionnellement, mon ambition avait toujours était de devenir professeur d’EPS (Note de XR: Éducation Physique et Sportive).  Par contre, ma grande passion sportive (je lis par expemple le quotidien français sportif « L’equipe » en entier tous les jours ») et ce que m’a fait découvrir le sport de haut-niveau ont fait que, petit à petit, j’ai désiré m’orienter vers l’entrainement et la préparation physique.  Cela pour essayer de transmettre mes connaissances, mon savoir-faire, tout en restant confronté au sport de haut-niveau.

À la sortie du lycée, je suis donc parti à la Faculté de Sport de Nancy avec cet objectif en tête.  Là-bas, j’ai rencontré une professeur de judo qui était elle-même une ancienne athlète internationale qui, voyant mon implication sur cette filière et mon passé sportif, m’a poussé à partir dans une autre Faculté de Sport à savoir celle de Dijon, qui est la faculté française la plus coté en terme de préparation physique.  J’y ai donc obtenu un Master 2 en entrainement, management, préparation physique et mentale, ainsi qu’un diplôme universitaire de préparation physique avec un mémoire où j’ai cherché à adapter un exercice intermittent d’athlètisme aux spécificités du cyclisme (corps porté, inertie de la roue…).

Parallèlement à tout cela, j’ai continué ma pratique cycliste, mais quelques choix de vie et problèmes de santé m’ont fait stagner. Voyant que mes chances de passer professionnel s’amenuisaient, j’ai décidé de me tourner vers le sport mêlant mes deux passions: le  duathlon (enchainement course à pied, vélo, course à pied), sport que je pratique dans l’équipe d’Epinay Sous Sénart avec comme objectifs pour 2012, les quatre manches de grands prix français (l’équivalent de la Coupe du Monde), les championnats de France et surtout les mondiaux qui se dérouleront à Nancy dans la région de mes parents.

XR: Je vois que ton parcours sportif t’a amené à pratiquer autant des sports de nature anaérobie et aérobie. Bien que les sports de nature anaérobie requierts de la force et de la puissance, quel est ton opinion sur la place de l’entraînement aérobie dans ces sports? On entend souvent l’opinion de gens qui gravite dans les sports intermittents par rapport à la filière aérobie, mais l’inverse est plus rare.

AA: Pour moi l’entrainement aérobie va être indispensable dans des sports intermittents à haute intensité dans des sports collectifs « européens » où j’ai plus de connaissances comme le football, rugby, basketball, handball, volleyball…  Je préfère ne pas intégrer des sports plus « américain » comme le football américain, hockey, baseball, afin de ne pas tenir des propos qui pourraient être faux; ma connaissance de ces sports étant minime.

Pour étayer ma prise de position, à savoir l’intégration d’un entrainement aérobie dans ces sports, je vais choisir un axe tout autre.  En effet, je vais l’égayer par des sports individuels que je vois au quotidien et où il faut être le plus explosif et puissant possible et qui sont anaérobie alactique ou légèrement lactique.

Comme premier exemple, considérons le sprinteur pur; le coureur de 100m.  Son effort se situera autour des 10 secondes, en dessous pour les meilleurs mondiaux.  Pourtant, moi qui en fréquente au quotidien, je les vois faire un important travail aérobie, qui sera répété par des rappels en cours de saison.  Mais pourquoi font-il cela?  Prenons l’exemple d’un sprinteur de niveau mondial.  Son programme en grand championnat va être le suivant :

– En début de championnat, son épreuve le 100m.
– 1er jour : séries et quart de finale.
– 2ème jour : demie-finale et finale.

Or aujourd’hui, la densité est telle que dès les quarts, il doit s’employer pour un bon couloir en demi, puis tout donner (hormis deux extra-terrestres) pour être certain d’être en finale et évidemment, tout donner en finale où se jouera sa saison.  Nous résumons : 4 sprints en 2 jours, dont 3 à très haute intensité.  La réflexion logique se fait donc comme suit: pour être un bon sprinteur, il faut aller le plus vite possible.  Seulement, entre la demi-finale et la finale se produisant en début et fin de soirée, il n’y a souvent que 1h à 1h30 de temps d’attente.  Deux courses où il faudra être à son maximum.  Or, ce n’est pas une durée idéale pour être deux fois à 100% (il suffit de comparer les temps entre demie et finale, celui de la demi est souvent meilleur).  Donc, les sprinteurs se sont rendu compte qu’en plus de chercher à améliorer leur qualités de sprinteurs (technique, force, explosivité, placement…), ils devaient également chercher à améliorer leurs qualités de récupération.  Comment recharger ses piles d’ATP et de créatine phosphate?  En présence d’oxygène.

D’autre part, les sprinteur s’infligent d’importantes charges d’entrainements en anaérobie lactique et alactique et ceci à tous les jours, en schématisant de fin octobre à fin septembre.
Le meilleur moyen de récupérer entre ses courses en compétition ou entre ses entrainements pour être aussi efficace lors du suivant sera d’améliorer ses capacités aérobies (dégradation du glycogène en présence d’oxygène).  Travailler sa VMA ou vitesse maximale aérobie ne permettra pas à un sprinteur d’être plus rapide, mais elle lui permettra de mieux « encaisser » ses entrainements, donc de plus et mieux travailler et ainsi d’être plus efficace.  Cette VMA ne lui permettra pas non plus d’être meilleur que son adversaire lors du premier sprint du championnat du monde ou des JO, mais elle pourra peut-être lui permettre d’avoir moins régresser que lui en finale et donc de le battre lors de la course la plus importante de la saison.

En plus de cela les sprinteurs doublent souvent avec 3 ou 4 tours de 200m les jeudi et vendredi, et ajoutent deux tours de relais les samedi et dimanche.

Dans mon raisonnement je voulais également te parler des sprinteurs sur piste en vélo et des sprinteurs en natation, mais le raisonnement sera exactement le même si quelques facteurs seront différents (notamment un effort plus lactique).

Donc si l’on reprend l’exemple de l’athlète doublant 100-200 et faisant parti d’un pays « faible », il va courir à très haute intensité, 10 fois en une semaine de grand championnat.  Or, je viens de te montrer que le travail aérobie lui était indispensable pour y être meilleur, ainsi que pour progresser plus à l’entrainement.

Si l’on reprend l’exemple du sport collectif, par exemple le football/soccer, avec un attaquant devant faire un appel en profondeur à la 90e minute de jeu qui pourrait donner la victoire à son équipe. Ce qui va compter, c’est qu’il puisse être plus rapide que le défenseur adverse.  Certainement, mais je viens aussi d’introduire un autre facteur, le fait que le match est disputé depuis 90 minutes.  Admettons qu’en début de match, ces deux joueurs possédaient la même vitesse pour une course de 20 mètres.  Avec la répétition des sprints, des sauts, des tacles… si l’attaquant possède une plus grande capacité aérobie que son adversaire, il récupérera mieux et par conséquent, cela lui permettra sans doute d’être plus rapide à cet instant du match.

Bien évidemment, l’exemple d’une meilleure récupération aux charges d’entrainements en athlétisme sera transposable au footballeur.  L’entrainement aérobie revêtera une autre importance dans des sports comme le basketball ou le handball.  Leur durée respective est de 4 quarts de 10 minutes en Europe et 2 demies de 30 minutes.  Or, les joueurs majeurs vont passer la totalité du match sur le terrain.  Bien évidemment, ici aussi, il faudra être le plus rapide possible pour emporter une contre-attaque, le plus explosif possible pour pendre un rebond ou réussir un tir par-dessus les bras.

Encore une fois, on parle de temps du jeu plutôt long, à savoir 40 et 60 minutes de jeu.  Qui a déjà pratiqué ce genre de sports pourra certifier qu’il faut sans cesse y répéter des efforts, que l’on soit en attaque ou en défense, avec très peu de périodes de récupération.  Il n’y a qu’a voir les courbes cardiques de ces sportifs; ils sont presque toujours entre 70 et 100% de charge interne (CI) (relation entre Fréquence cardiaque/vitesse par rapport à un test aérobie triangulaire).  Donc, si nous sommes entre 70 et 100% de CI pendant 40  ou 60 minutes, force est de constater que nous sommes sur un effort aérobie.  Bien évidemment, ce ne sera pas un effort aérobie assez « linéaire » comme ceux que je pratique.  Ce sera un effort aérobie avec de nombreuses actions anaérobies lactiques et alactiques.  Donc, par conséquent, le développement des qualités aérobies sera un élément indispensable dans les sports intermittents.

Pour résumer, selon moi, le préparateur de sports intermittents devra chercher à rendre ses sportifs meilleurs sur le plan anaérobie (force, explosivité, placement, puissance…), sur le plan technique (technique de course, de son sport) ainsi que sur le plan aérobie (meilleure récupération des entrainements, en compétition et amélioration de ses performances).

XR:  Je partage la même vision que toi Anaël à savoir que l’entraînement des trois filières énergétiques est importante, à savoir que chacune d’entre elles participent d’une manière bien précise au développement optimale des mécanismes de production d’énergie.  Comment t’attaquerais-tu au développement des différentes filières énergétiques en football/soccer par exemple?  Quelle type de planification d’entraînement utiliserais-tu afin d’optimiser les gains, soit chez un débutant ou un sportif plus avancé?

AA: Je vais te donner un exemple chez un footballeur de niveau avancé, mais cette préparation pourrait se retranscrire à un débutant. Il faudrait simplement redéfinir les priorités; les entrainements étant moins nombreux, de même que les charges appliquées.

Tout d’abord, la problématique importante en football de haut-niveau est qu’il y a une obligation de résultats, à raison d’une à deux fois par semaine, auquelle il faut ajouter les nombreux voyages.  Dans ces conditions, il peut s’avérer difficile de travailler efficacement afin de faire progresser les individus.  Dans des sports comme les miens où, par exemple, nous allons préparer le championnat national et mondial.  Nous allons donc chercher à obtenir deux pics de forme par une double périodisation amenant d’importants progrès et de longues phases de travail qui vont les faciliter.

Par conséquent, il va falloir maximiser les phases sans compétition pour travailler.  Selon moi, une fois le dernier match de la saison terminé, je ne laisserais qu’une semaine de vrais vacances au footballeur.  Une semaine où ils ne font rien d’autre que profiter de la vie, décompresser, sans penser au football.  De cette manière, une semaine est le bon compromis entre ne pas perdre les qualités physiques et recharger les piles, que ce soit au niveau mental ou physique.

Après cette semaine, je conseillerais deux semaines d’entretien physique.  Cela peut être réalisé à la maison, seul ou entre amis pour plus de convivialité.  C’est le temps de pratiquer des sports autre que le football qu’il va falloir pratiquer 11 mois sur 12.  J’aurais également tendance à conseiller de pratiquer des sports « plaisirs » dans lesquels le footballeur prendra du plaisir.  Tout cela est donc bien personnel, mais si possible, des sports « aérobie » faisant travailler de nombreux muscles (tennis, squash, boxe, cyclisme…).
D’autre part, cette période peut être utile pour travailler des défauts, corriger des déséquilibres (ischio-jambiers:quadriceps), soigner des blessures récurrentes (articulations, adducteurs en foot) ou des points faibles (techniques comme physiques).

Après quoi, il sera temps de reprendre l’entrainement spécifique. La coupure aura permis de perdre très peu, mais en même temps de récupérer.  Nous allons donc pouvoir vite reprendre dans le vif du sujet.  Il va falloir profiter de cette période sans matchs pour beaucoup travailler, mais efficacement afin de progresser un maximum.

La coupure ayant été courte, partant du principe que nos footballeurs n’ont pas participé à des compétitions internationales, nous pouvons avoir une période de travail assez longue.  Par exemple, la saison de Ligue 1 2010/2011 s’est terminée le 20 mai, tandis que celle de 2011/2012 reprend le 6 août.  Cela laisse donc 7 semaines de préparation.  Ce que je  propose serait, qu’au cours des trois premières semaines, nous augmentions le volume de travail, tout en augmentant sensiblement celui de l’intensité.  Normalement, il faut faire un choix entre l’intensité et le volume, soit choisir entre la quantité et la qualité du travail à accomplir et permettre des variations qui entraineront un plus grand progrès.  Toutefois, étant en reprise, l’intensité va augmenter d’elle-même par les progrès des footballeurs ayant perdu de leur niveau tout au long de la saison précédente et après trois semaines sans grosses charges d’entrainement.

Comme dit précédemment, il va falloir profiter de cette période pour bosser un maximum, ce qui ne pourra qu’être entretenu par la suite.  Les footballeurs auront du spécifique sans arrêt : 1 à 2 matchs par semaine avec un à deux entrainements basés sur la récupération et une mise en place tactique les veilles de matchs.  Donc, si je schématise, il ne reste que deux jours dans la semaine.  Il faudra donc « bouffer » du physique pendant ces 7 semaines.

Comme nous l’avons vu au début de notre interview, le football (soccer) est un sport où il va falloir être capable de répéter des sprints courts très explosifs (de quelques mètres à 30 mètres), tacler, faire des têtes ou réaliser de nouveaux des efforts explosifs.  Il faudra être capable de répéter ces actions le plus efficacement possible durant 90 minutes.  De plus, le football est un sport où le jeu se fait beaucoup sans ballon.  On le voit avec les deux meilleures équipes actuelles : Barcelone et le Real Madrid.  Le jeu du Barça est basé sur un perpétuel mouvement du ballon depuis les défenseurs. Or, ceci est permis par des décalages, des démarquages incessants des joueurs durant l’intégralité du match.  Les madrilènes, de leur côté, vont plus s’appuyer sur une organisation qui laissera peu d’espace à l’adversaire, pour mieux l’agresser à la récupération du ballon par des contre-attaques salvatrices avec des joueurs offensifs très rapides et techniques.  Dans les deux cas, les joueurs doivent sans cesse se déplacer sur le terrain.

En regardant le jeu de ces deux équipes, nous avons mis le doigt sur le travail physique à effectuer durant ces deux semaines: améliorer leurs qualités explosives.  Pour cela, l’entrainement pourra s’appuyer sur de nombreux exercices : musculation, pliométrie, démarrages, travail de sprint aidé ou freiné, travail de pieds, etc.  Mais attention, le footballeur doit être rapide dans un match de foot.  Le but n’est pas qu’il devienne Usain Bolt, mais qu’il soit capable de retranscrire les actions décrites précédemment sur un terrain de foot avec un ballon dan les pieds, par rapport à ses coéquipiers, avec une frappe en fin de course, lors d’une prise de décision, etc.

Il faudra donc intégrer trois types d’exercices.  Du spécifique où nous travaillerons en situation (jeu réduit, exercices spécifiques avec ballon…), des exercices multiformes où l’on va intégrer des contraintes permettant de faire progrsser l’individu,  du multiforme orienté où les appuis respectent les principes moteurs spécifiques, mais qui font varier les caractéritiques dans une marge de manoeuvre de 5 à 10%, du multiforme général (c’est la différence de changement qui varie par rapport à l’orienté : de 10 % au plus possible, tant que ça respecte les principes moteurs) et du général, qui n’a rien à voir avec l’acivité, mais qui permettra quand même d’améliorer les qualités propres du footballeur (par exemple un travail de force en squat pour améliorer sa vitesse).

Ensuite, nous avons vu que les Barcelonais ou Madrilènes devaient être efficaces durant 90 minutes, pouvoir sans cesse se replacer ou demander le ballon et précédement dans l’interview, qu’il fallait ête capable de récupérer au mieux de ses entrainements, des matchs.  Il faudra donc travailler la capacité aérobie des footballeurs.  J’aurais tendance à te dire que le footballeur ne doit pas devoir devenir un coureur de demi-fond; donc pas besoin qu’il aille faire les 6 x 1000m + 3 x 1000m que je vais aller faire cette après-midi.  À quoi cela lui servirait de chercher à améliorer ses temps sur 10 000m et 5 000m comme je vais le faire, quand on sait qu’il est très rare qu’une course de footballeur dépasse les 30 mètres. En revanche, il est indéniable que plus sa capacité aérobie sera importante, mieux il récupéra de ses nombreux sprints et sera performant au moment cruciaux du match.
Le but sera donc « d’augmenter son moteur ».  Pour cela, je préconiserais un travail important de la VMA ou Vitesse Maximale Aérobie.  Le football étant un sport comportant des sprints entrecoupés de périodes de récupération, l’intermittent deviendra très intéressant.  J’aurais tendance à le proposer sous forme de 30/30 durant cette préparation, car ce format entraîne d’importants progrès.  A l’inverse, faire plus de 15/15, 20/20, durant la saison, car ils se rapprochent plus de l’activité et ont plus un rôle d’entretien de la VMA.  Par conséquent, il faudra faire des rappels de 30/30.

D’autre part il peut être intéressant durant cette longue et difficile préparation d’introduire du jeu, pour des sportifs pas forcément friant de physique et qui doivent préparer leur saison.  Par exemple, introduire le ballon avec une frappe en fin de course, une tête, une prise de décision avec passe dans une situation donnée.

Ensuite, bien évidemment, il y a une saison à préparer. Il faudra introduire du jeu, car le football ne réside pas simplement que sur le physique, les espagnols et hollandais nous l’ont montré aux derniers mondiaux.  Il faudra donc voir cela avec l’entraineur afin de bien planifier la part de chaque exercice.  Cependant, il faut que cette période soit celle où le physique a la part la plus importante en comparaison avec le spécifique par rapport au reste de la saison.  J’aurais tendance à dire qu’il va falloir introduire de nombreux matchs préparatoires qui permettront d’une part de faire du spécifique et également de permettre à l’entraineur de préparer ses systèmes avec ses joueurs.  Pour éviter les blessures durant cette phase de travail, il sera indispensable d’évaluer sans cesse la charge d’entraînement, pour que le volume augmente constamment, mais pas de façon abrupte et démesurée.

Pour le reste de la saison ma planification serait la suivante: d’une part, il va falloir être en forme à chaque semaine, sans que la condition physique du footballeur ne se détériore et reste la plus stable tout au long de la saison.  Pour cela, je vais jouer sur les variations du volume et de l’intensité.  Par exemple, entre le mois d’août et la fin septembre, je vais diminuer le volume à partir d’où nous en étions pour le premier match de la saison, tout en cherchant à augmenter l’intensité des entrainements. Ensuite, cela va s’inverser pour octobre-novembre avec cette fois une augmentation du volume de travail couplée avec une diminution de l’intensité, toujours en partant d’où nous en étions fin septembre.  Ainsi de suite tout au long de la saison, de façon à ce que nos footballeurs restent un maximum performant. En effet, il est impossible de chercher à mettre en place une double périodisation au sens où je l’entends qui permettrait plus de progrès d’un point de vue physique, car le foot est un sport où l’on ne peut se permettre d’arriver fatigué à un match.  Il faudra donc s’adapter; cette planification me paraissant comme la plus adaptée aux contraintes de ce sport.

XR: Avant de conclure cet interview, je voudrais te remercier d’avoir partagé ton expérience et tes connaissances dans le domaine du développement des filières énergétiques et de la périodisation. à quoi peut-on nous attendre de ton côté dans les mois à venir, autant du point de vue personnel qu’avec Performance Athlétique?

AA: De rien Xavier c’est toujours un plaisir d’échanger sur des sujets qui me sont chers.  Pour ma part, je conçois que dans un milieu comme l’entrainement et la préparation physique en perpétuel évolution suivant les apports de la science, des chercheurs, des entraineurs, des préparateurs, des sportifs eux-mêmes et les différences même entre deux sportifs d’une même spécialité, personne ne possède la science infuse et nous devons sans cesse chercher à nous perfectionner de différentes manières. Par exemple, je suis persuadé que ton savoir dans la préparation des sports « américains » pourrait énormément m’apporter dans mes spécialités, alors qu’elles sont au départ relativement opposées.

Sinon, ce que l’on peut s’attendre pour moi d’un point de vue personnel, c’est une saison de duathlon en 2 parties.  Tout d’abord, une partie consacrée aux grands prix (coupe de France des clubs) en distance sprint (5 km CAP, 20 Km vélo, 2,5 Km CAP) de fin mars à fin mai avec 4 manches où nous chercherons, de manière collective avec mes coéquipiers, à monter en D1 (niveau coupe du monde).  Il n’y aura que 3 places pour 5/6 équipes; donc nous n’aurons le droit à aucune erreur.

Ensuite, une deuxième partie de saison plus individuelle en septembre avec les championnats de France et du monde de groupe d’âges (chez mes parents, donc cela me tiendra particulièrement à cœur) en courte distance (10 Km CAP, 40 KM vélo, 5 Km CAP), où l’objectif sera d’aller chercher des podiums.  Enfin, la saison se bouclera au début octobre par la coupe de France, véritable fête de la « grande famille triathlètes-duathlètes ».  La compétition, qui se déroule en chrono par équipes où s’affrontent les meilleurs mondiaux comme les duathlètes amateurs, se termine par une grande fête pour décompresser de 11 longs mois de travail.

Côté Performance Athlétique, nous allons ouvrir avec Xavier Barbier et tout le reste de l’équipe un local sur Courcouronnes (à côté d’Evry, 91) après les fêtes.  Ce sera un formidable outil de travail pour nos sportifs avec tout ce qui est indispensable à la préparation physique, la récupération et la réathlétisation; ceci autant pour les sportifs individuels comme collectifs. N’hésitez pas à nous contacter si vous êtes de la région parisienne, moi ou l’un de mes collègues si vous êtes spécialistes d’autres sports que ceux d’endurance, nous nous ferons un plaisir de vous aider dans l’atteinte de vos objectifs.  Si vous ne pouvez pas vous déplacer, nous proposons toujours avec Xavier des suivis à distance individualisés à l’aide du logiciel Total Coaching à des tarifs extrêmement attrayants.  Que ce soit sur un déplacement de votre part, de nous-mêmes ou du suivi à distance, notre politique est vraiment de chercher à proposer à nos sportifs une approche personnelle centrée sur l’individu (objectifs, disponibilités, vie privée, antécédents, dialogue) et non d’appliquer une recette qui aurait fait ses preuves sur quelqu’un d’autre.  L’objectif à Performance Athlétique est de vous proposer des experts dans votre spécialité, dont l’atteinte de votre objectif sera également le leur.

Plus personnellement, je porte de grandes attentes sur un cycliste amateur que je prépare actuellement. Je l’ai « relancé » après qu’il fût détruit par différentes expériences, donc je tairai le nom, mais nous avons réussi à obtenir un contrat chez Omega Quick Step pour 2013 et son énorme potentiel me pousse à croire qu’il peut être l’une des révélations de ces prochaines saisons, donc j’ai un petit faible pour ce cycliste et son histoire.

Note de XR: Prenez le temps d’aller jeter un oeil sur le blogue d’Anaël pour plus d’informations concernant l’entraînement et les sports d’endurance.

https://aubryanael.wordpress.com/