Le 16 mars dernier, j’ai assisté à une conférence de l’ancienne gloire de la NFL Joe Ehrmann dans le cadre de sa vision sur «Insideout Coaching: How Sports Can Transform Lives» à la Burr and Burton Academy au Vermont. Nous étions quatre à faire le voyage et chacun d’entre nous en sommes ressortis des personnes différentes. Le message de Joe Ehrmann nous porte à faire une rétrospection sur notre façon de coacher, mais surtout sur la raison qui nous porte à coacher. Par exemple, nous devions faire ressortir nos Core Values, nos raisons de coacher. Le tout était assez simple jusqu’au moment où nous devions justifier nos choix. Il s’agit d’un de ces exercices qui nous force à se questionner sur soi-même, sur notre impact sur les jeunes que nous encadrons, avec qui nous développons leur futur.
Suite à cette conférence, j’ai commandé le livre Season of Life: A Football Star, a Boy, a Journey to Manhood de Jeffrey Marx dès le lendemain. L’auteur raconte une saison passée avec Coach Joe Ehrmann avec l’équipe des Greyhounds de Gilman School. Je n’ai pas encore terminé le livre que déjà je peux en retirer beaucoup sur l’importance du coaching au-delà de la victoire et du technico-tactique du sport en tant que tel.
Une des leçons que je tire de ce livre jusqu’à présent est l’importance d’accorder à chaque athlète une chance de se démarquer, une chance de se faire valoir. L’auteur raconte comment Joe Ehrmann et l’entraîneur-chef de l’équipe de football de Gilman font valoir ce point à leurs joueurs grâce à la parabole des talents tiré de l’Évangile selon Saint-Mathieu, chapitre 25, versets 14 à 30 :
« Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné ; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné ; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Dans ce contexte, les entraîneurs de l’équipe de football de Gilman demandent à chaque joueur de donner le maximum de leurs habiletés, autant de la part du joueur-vedette que du joueur réserviste. Quand tu donnes ton maximum, quel que soit ton niveau d’habilité, on ne peut te reprocher d’avoir donné tout ce que tu as. Cela n’est pas le cas pour le joueur talentueux, mais paresseux qui ne désire pas travailler. De plus, lorsque l’on fait face à un adversaire qui performe mieux que soi, il est plus facile d’accepter la défaite en sachant très bien que nous avons donné le meilleur de soi-même.
Dans le contexte de la préparation physique, il n’est pas rare de voir des athlètes avec un «talent moindre» redoubler d’ardeur dans leur préparation physique et dans leur préparation technico-tactique. Les efforts qu’ils mettent dans leur préparation ne passent pas inaperçus aux yeux de beaucoup d’entraîneurs et, dans bien des cas, verront davantage de terrain qu’un joueur bourré de talent qui ne se prépare pas adéquatement.
Il est facile pour moi d’illustrer cette ardeur au travail en soulignant le travail de Xavier Bernet et Rémi Giguère, deux anciens joueurs des Triades de Lanaudière qui jouent présentement avec les Carabins de l’Université de Montréal. Xavier est un joueur extrêmement sérieux dans sa préparation, autant physique que spécifique au jeu du football. Lors de son passage avec les Triades, il était un de ceux qui a progressé le plus sur le plan physique. Rémi, quant à lui, était un joueur bourré de talent, mais dont la préparation physique laissait à désirer. C’est lorsque Xavier l’a forcé à devenir son partenaire d’entraînement que Rémi s’est développé à un rythme impressionnant. Les deux jeunes hommes ont aujourd’hui transposé ce sérieux dans leur préparation au plus haut niveau de football amateur au Québec et je suis convaincu qu’ils feront leurs efforts récompensés dans le futur.
Alors, pour tous ces jeunes athlètes qui désirent gravir les échelons de leur sport et performer au plus haut niveau, il est important d’être conscient de ses forces et de ses faiblesses. En sachant cela, il est possible d’établir un plan qui nous mènera au niveau que l’on souhaite atteindre. Ce processus est long et il peut être facile de se décourager par le manque de résultats positifs. Toutefois, il est possible de retirer du positif dans la défaite. Il faut examiner chaque entraînement, chaque match comme une opportunité d’apprendre et de progresser. Il y aura des hauts et des bas tout au long de ce processus, mais il ne faut pas se décourager. Utilise tes talents au maximum et tu ne pourras pas être déçu du résultat obtenu. Avec le temps et une pratique dirigée où l’athlète est focus sur la tâche à réaliser, celui-ci accumulera d’autres talents et sera alors en mesure de performer à un autre niveau.