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Améliorer son efficacité en tant qu’entraineur

Le processus du coaching a pour objectif principal d’optimiser la performance sportive en compétition à la suite de la mise en place et de l’exécution d’un plan systématique, séquentiel et bien réfléchi. Ce processus délibéré se déroule dans un contexte qui est à la fois complexe, dynamique et rempli d’incertitudes.

L’entraineur sportif est un acteur important et essentiel dans cette relation athlète-entraineur-performance. Il peut être amené à tenir plusieurs rôles en plus de celui de « chef du projet » de la performance sportive, notamment celui de technicien, de gestionnaire, de conseiller, etc. Afin de pouvoir offrir les meilleures chances de réussite à l’athlète ou aux athlètes avec qui il travaille, ce dernier doit constamment apprendre de son expérience et développer de nouvelles connaissances. Comment alors un entraineur sportif peut-il améliorer son efficacité?

 

Définir ce qu’est l’efficacité chez l’entraineur sportif

Malheureusement, pour plusieurs, l’efficacité d’un entraineur sportif peut se limiter à sa fiche de victoires et de défaites ou aux nombres d’athlètes que celui-ci envoie chez les professionnels. Pourtant, cela en dit très peu sur la véritable efficacité d’un entraineur… Celui-ci peut tout simplement avoir eu la chance de travailler avec des athlètes possédant énormément de talent et qui ont ainsi contribué à bonifier le palmarès de cet entraineur. Dans la littérature scientifique, Côté & Gilbert (2009)définissent l’efficacité en coaching sportif comme : «The consistent application of integrated professional, interpersonal, and intrapersonal knowledge to improve athletes’ competence, confidence, connection, and character in specific coaching contexts». Ainsi, un coaching efficace consisterait en l’application de manière continue des connaissances professionnelles, interpersonnelles et intrapersonnelles de l’entraineur afin d’améliorer les compétences, la confiance, les relations sociales et le caractère d’un athlète dans divers contextes sportifs. À la vue de cette définition, il est clair qu’il faut donc regarder au-delà de la victoire et des championnats afin de juger de l’efficacité d’un entraineur.

 

Apprendre en tant qu’entraineur sportif

Gilbert & Trudel (2013a)et Trudel & Capstick (2012)soutiennent que les entraineurs apprennent à partir de trois situations d’apprentissage : (a) les situations d’apprentissage assistées au cours desquelles le contexte et le matériel d’apprentissage sont régulés par d’autres individus, (b) les situations d’apprentissage non assistées lorsque l’entraineur sportif décide par lui-même le type d’information qu’il souhaite obtenir et quelle source il consultera (revues, livres, internet, des collègues, etc.) ou interagit avec d’autres entraineurs et (c) les situations d’apprentissage internes lorsque l’entraineur réorganise ce qu’il sait déjà par l’intermédiaire d’un journal par exemple ou avec l’aide d’un coach personnel ou mentor. Toutefois, l’apprentissage ne consiste pas uniquement en l’accumulation de connaissances diverses issues de nombreuses disciplines comme l’anatomie, la physiologique, la biomécanique, la psychologie et la pédagogie. La participation régulière à des conférences ou de cliniques qui ont lieu le temps d’une fin de semaine ne veut pas nécessairement dire qu’il y a apprentissage.

 

En fait, plusieurs recherches s’intéressent à la dimension cognitive du coaching sportif, ce à quoi l’entraineur pense et non pas uniquement ce qu’il fait (Knowles, Borrie, & Telfer, 2005). C’est pourquoi il est beaucoup plus important d’examiner les liens qui se créent et se développent entre les connaissances de l’entraineur sportif, ses expériences et ses émotions (Werthner & Trudel, 2006). Pour cela, plusieurs approches sont possibles. L’une de ces approches est la pratique réflexive, qui consiste à examiner et questionner sa pratique dans le but de changer ou d’adapter son coaching. Traditionnellement, cette pratique réflexive consiste à remplir un journal réflexif ou journal de bord d’une manière structurée : (a) identification d’une problématique associée à son coaching, (b) génération d’une stratégie, (c) expérimentation et (d) évaluation (Gilbert, 2017). Cette façon de faire requiert de prendre le temps de faire une pause, de réfléchir sur sa pratique et de mettre sur papier ses réflexions. La réalité de la vie quotidienne de l’entraineur sportif ne favorise toutefois pas l’application de cette méthode. Il est également possible de faire appel à un ami critique ou un mentor afin de partager ses expériences. Dans ce cas-ci, le choix d’une personne compétente, qui possède de vastes connaissances et qui est en mesure de comprendre la réalité de l’entraineur déterminera la qualité de cette expérience. La création d’un groupe d’entraineurs œuvrant dans des contextes similaires est aussi suggérée comme une manière de réfléchir sur sa pratique. Dans ce cas-ci, les autres entraineurs sont en mesure de discuter de problématiques similaires et de partager comment ils ont été en mesure de gérer efficacement ces situations problématiques.

Conclusion

En résumé, il faut voir au-delà de la fiche des victoires et de défaites et du nombre de championnats d’un entraineur pour juger de son travail. Afin de pouvoir évaluer plus efficacement le travail d’un entraineur, il faudrait notamment prendre en considération les facteurs suivants : (a) la raison pour laquelle l’entraineur coache («coaching purpose»), (b) les valeurs de l’entraineur, (c) la culture entourant l’équipe, (d) le niveau de développement des athlètes avec qui celui-ci intervient, (e) la qualité des séances d’entrainement, (f) la performance en compétition, (g) la perception que les athlètes ont de l’entraineur, (h) les activités de perfectionnement de l’entraineur, etc. Ainsi, peut-être que nous serons mieux en mesure d’apprécier et d’évaluer le travail de nombreux entraineurs très efficaces qui travaillent loin des projecteurs.

 

Références

Côté, J., & Gilbert, W. (2009). An Integrative Definition of Coaching Effectiveness and Expertise. International Journal of Sports Science and Coaching, 4(3), 307‑323.

Gilbert, W. (2017). Coaching Better Every Season : A Year-Round System for Athlete Development and Program Success. Windsor, Ontario: Human Kinetics.

Gilbert, W., & Trudel, P. (2013). The Role of Deliberate Practice in Becoming an Expert Coach : Part 3- Creating Optimal Settings. Olympic Coach Magazine, 24(2), 15‑28.

Knowles, Z., Borrie, A., & Telfer, H. (2005). Towards the reflective sports coach : issues of context , education and application. Ergonomics, 48 (November), 1711‑1720.

Trudel, P., & Capstick, L. (2012). Perfectionnement des entraineurs. Dans L. Morency & C. Bordeleau (Éd.), Le manuel de l’entraineur sportif(p.95‑106). Montréal: Québec Amérique.

Werthner, P., & Trudel, P. (2006). A New Theoretical Perspective for Understanding How Coaches Learn to Coach. The Sport Psychologist, 20, 198‑212.

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