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Avancées technologiques, statistiques avancées et subjectivité

Récemment, les avancées technologiques dans de nombreux domaines reliés à la performance sportive nous ont permis d’obtenir une quantité phénoménale de données. Mon bon ami Adrien Bourdon (@AdrienBourdon12) a fait un travail remarquable avec l’équipe de football du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke à cet égard en intégrant les statistiques avancées dans l’évaluation des joueurs, des adversaires et des recrues de niveau collégial notamment. En préparation physique, de plus en plus d’outils sont maintenant disponibles pour quantifier différents paramètres de l’entrainement comme le volume, la charge d’entrainement ou Training Load (TRIMPS, iTRIMPS, Séance-RPE, RPE différentielle), la réponse de l’athlète à l’entrainement (variabilité de la fréquence cardiaque, bilan neuromusculaire), la vélocité, le positionnement sur le terrain (données de géolocalisation/accélérométrie, analyses vidéo), entre autres. Ces données sont donc recueillies et analysées pour des fins de prédiction, d’évaluation ou d’aide à la prise de décision.

Toutefois, quoi faire lorsque l’on ne dispose pas de l’expertise, des ressources humaines, financières et en temps pour intégrer les statistiques avancées dans son approche de prise de décision? Heureusement, il n’y a pas que le quantitatif qui compte, mais l’intégration du subjectif dans ce processus est également intéressant. De plus, plusieurs auteurs soutiennent que la meilleure démarche consiste justement à combiner les outils objectifs avec le subjectif. Par subjectif, je parle notamment de l’utilisation de questionnaires psychométriques (stress, humeur, qualité de sommeil, raideurs musculaires), les approches basées sur la perception de l’effort, entre autres. Comme je le mentionnais dans cet article que j’ai publié la semaine dernière, l’utilisation du journal de bord est un outil idéal à cet égard. Par exemple, les résultats d’entretiens de la part de Roos, Taube, Brandt, Heyer, & Wyss (2013) avec des entraineurs experts dans des sports d’endurance démontrent l’importance des commentaires personnels des athlètes et de leurs perceptions quant à l’entrainement réalisé.

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Également, les travaux d’Alain Mouchet (Mouchet, 2003; Mouchet, Vermersch, & Bouthier, 2011) sur la subjectivité de la prise de décision en rugby via la vidéo et un entretien d’explicitation mettent en valeur la richesse d’un questionnement et d’un dialogue entre l’entraineur et l’athlète post-match pour connaitre les pensées de l’athlète en situation de compétition. Les statistiques avancées peuvent certainement quantifier ces actions, mais si l’on s’intéresse au raisonnement logique derrière l’action réalisée, il faut aller voir le subjectif, le qualitatif.

En conclusion, l’utilisation d’analyses statistiques, que celles-ci soient sommaires ou avancées, est un outil intéressant parmi tant d’autres. Pour l’entraineur avec des ressources limitées, une sélection de certaines données clés sera à faire. Il sera également suggéré de combiner à la fois un ou plusieurs outils objectifs avec un ou plusieurs outils subjectifs qui cadreront avec le type d’information que celui-ci veut obtenir pour aider à sa prise de décision dans un contexte dynamique et en constant changement qui lui est propre.

Références

Mouchet, A. (2003). Caractérisation de la subjectivité dans les décisions tactiques des joueurs d’élite 1 en rugby. Université de Bordeaux.

Mouchet, A., Vermersch, P., & Bouthier, D. (2011). Méthodologie d’accès à l’expérience subjective : Entretien composite et vidéo. Savoirs, 3(27), 85–105. http://doi.org/10.3917/savo.027.0085

Roos, L., Taube, W., Brandt, M., Heyer, L., & Wyss, T. (2013). Monitoring of Daily Training Load and Training Load Responses in Endurance Sports : What Do Coaches Want ? Schweizerische Zeitschrift Für Sportmedizin Und Sporttraumatologie, 61(4), 30–36.

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