La pratique de quantifier et d’assurer le suivi de la charge d’entrainement (CE) afin de programmer et réguler les différentes activités d’entrainement est un sujet d’un grand intérêt pour les professionnels de terrain et pour les scientifiques du sport.
De nombreuses définitions de la CE ont été proposées dans la littérature. Nous sommes notamment passés de la simple définition de ce construit comme étant le produit d’un volume d’entrainement par son intensité à des définitions plus complètes. En voici quelques exemples :
Exemple #1 concernant la CE externe : la quantité de travail réalisé par l’athlète qui peut être quantifiée de manière externe (Halson, 2014)
Exemple #2 : La CEe est définie par Wallace, Slattery, & Coutts (2009) comme le travail réalisé par l’athlète et mesuré de manière indépendante à ses caractéristiques individuelles.
Exemple #3 concernant la CE interne : Stress physiologique relatif qui est imposé à l’organisme d’un athlète (Halson, 2014)
Certains auteurs voient cependant ce concept de la CE d’un œil plus global ; la performance sportive et le corps humain étant influencés par plusieurs facteurs interagissant les uns sur les autres selon différentes amplitudes et temporalités.
Exemple #4 : Niveau de sollicitation des ressources de l’athlète (physiques et psychologiques) lié aux contraintes de la tâche d’entrainement. Une charge se caractérise par son volume, son intensité, sa fréquence, son contenu (à dominante technique, tactique ou physique), la durée et la nature des phases de récupération.(Saury, Sève, & Leblanc, 2004).
Exemple #5 : Le coût de la pratique d’une activité sportive pour un athlète résultant de l’interaction des exigences de l’activité, des circonstances dans lesquelles sont mobilisées ses capacités, et de ses comportements et ses perceptions (Morin, Ahmaïdi, & Leprêtre, 2014).
Dernièrement, un article de Vanrenterghem, Nedergaard, Robinson, & Drust (2017) rappelle cependant que les pratiques courantes en matière de quantification de la CE sont principalement orientées autour des adaptations physiologiques de l’organisme à l’entrainement et qu’il serait pertinent et encouragé de considérer également la quantification du stress et la réponse de l’organisme à un stimuli d’un point de vue biomécanique. Les auteurs mentionnent que les adaptations biomécaniques au niveau des muscles, os, tendons et structures cartilagineuses répondent à un stress mécanique qui est plus difficilement observables et varient en comparaison aux adaptations physiologiques centrales (système cardio-pulmonaire, système nerveux, etc.) et périphériques (utilisation de l’O2 par les muscles, etc.). Cette connaissance permettrait certainement de mieux programmer et réguler les activités d’entrainement et venir supporter, souvent, le savoir-faire des entraineurs experts.
Toutefois, comme cela a également été mentionné sur les médias sociaux en réponse au précédent article, il faut prendre en considération plus que les facteurs d’ordre physique dans ce qu’est une CE.
Des travaux fort intéressants sont menés à cet égard par plusieurs chercheurs. Un groupe de chercheurs dans une université au Royaume-Uni applique notamment le concept de la perception différentielle de l’effort (RPE Différentielle) (Borg, Borg, Larsson, Letzter, & Sundblad, 2010) en subdivisant la Séance-RPE de Foster et al. (2001) avec des perceptions au niveau des membres inférieurs, des membres supérieurs et de l’essoufflement. Ce même groupe propose même d’intégrer la composant « Match » pour potentiellement considérer les multiples facteurs entrant en ligne de compte au cours d’une compétition sportive. De leurs côtés, Roy, Chevrier, Nadeau, & Spallanzani (2016) ont proposé un outil comprenant six échelles, notamment sur les plans : (a) de la difficulté technico-tactique, (b) l’efficacité technico-tactique, (c) la difficulté technico-physique, (d) la difficulté d’entrainement physique, (e) le niveau de fatigue et (f) l’état psychologique en compétition.
En fin de compte, comme le mentionne Mujika (2007), les sports collectifs sont caractérisés par une grande variété d’activités et souvent, ces activités diffèrent même d’un participant à un autre, rendant ainsi le processus de quantification de l’entrainement dans une seule unité de mesure particulièrement compliqué. Foster (2015) souligne qu’éventuellement, quelqu’un proposera un modèle qui permettra de quantifier toutes ces variables pouvant expliquer une performance dans l’optique d’une « unified theory of exercise training ». Jusqu’au jour où ce modèle quantifiable existera, il peut être sage de quantifier diverses variables que l’entraineur sportif, le préparateur physique ou le physiothérapeute ou autre professionnel en fonction de son contexte et en fonction de ses interventions potentielles. Parfois, une collecte de quelques données jugées pertinentes dans la pratique d’un professionnel (et supportées par la littérature) et cela, de manière répétée, permettra de documenter la réponse de l’athlète à l’entrainement et permettra ainsi une meilleure prise de décision de la part de l’intervenant.
Références :
Borg, E., Borg, G., Larsson, K., Letzter, M., & Sundblad, B. M. (2010). An index for breathlessness and leg fatigue. Scandinavian Journal of Medicine and Science in Sports, 20(4), 644–650. http://doi.org/10.1111/j.1600-0838.2009.00985.x
Foster, C. (2015). In Quest of the Unified Field Theory of Exercise Training. International Journal of Sports Physiology and Performance, 10, 1–2.
Foster, C., Florhaug, J. A., Franklin, J., Gottschall, L., Hrov, L. A., Parker, S., … Dodge, C. (2001). A new approach to monitoring exercise training. J Strength Cond Res, 15(1), 109–115.
Halson, S. L. (2014). Monitoring Training Load to Understand Fatigue in Athletes. Sports Med, 1–9. http://doi.org/10.1007/s40279-014-0253-z
Morin, S., Ahmaïdi, S., & Leprêtre, P.-M. (2014). Modélisation des effets de l’entraînement : revue des différentes études. Science & Sports. http://doi.org/10.1016/j.scispo.2013.11.003
Mujika, I. (2007). Challenges of Team-Sport Research. International Journal of Sports Physiology and Performance, 2, 221–222.
Roy, M., Chevrier, J., Nadeau, L., & Spallanzani, C. (2016). Protocole destiné à mesurer la charge d’entrainement : perceptions quant à son utilité pour assurer un encadrement de qualité. In B. Lenzen, D. Deriaz, B. Poussin, H. Dénervaud, & A. Cordoba (Eds.), Temps, temporalités et intervention en EPS et en sport (pp. 283–303). Berne: Peter Lang Publishing.
Saury, J., Sève, C., & Leblanc, S. (2004). L’Entrainement. Paris: Editions Revue EP.S.
Vanrenterghem, J., Nedergaard, N. J., Robinson, M. A., & Drust, B. (2017). Training Load Monitoring in Team Sports : A Novel Framework Separating Physiological and Biomechanical Load-Adaptation Pathways. Sports Medicine, 0(0), 1–8. http://doi.org/10.1007/s40279-017-0714-2
Wallace, L. K., Slattery, K. M., & Coutts, A. J. (2009). The ecological validity and application of the session-RPE method for quantifying training loads in swimming. Journal of Strength and Conditioning Research, 23(1), 33–38.