Les changements de direction font partie intégrale de nombreux sports comme le soccer, le rugby, le football, le hockey et le tennis par exemple. On peut définir un changement de direction comme une activité qui requiert une phase de décélération du corps, un rapide changement de direction suivi d’une phase d’accélération dans cette nouvelles direction. Or, le simple fait de réaliser des changements de direction ne permet pas un transfert optimal de cette habilité dans la pratique sportive.
L’agilité dans son ensemble est beaucoup complexe que le simple fait de décélérer, changer de direction et accélérer. Les travaux de Young, James & Montgomery (2002) ont permis de décomposer l’agilité en deux composantes, soit une composante Changement de direction et une autre Prise de décision et Analyse de la situation.
Adaptée de Young, James & Montgomery (2002)
Comme vous pouvez le constater, le simple fait de travailler exclusivement sur la partie droite du graphique permet d’établir les fondations de l’entraînement de l’agilité. Au départ, il est important d’établir une position de base pour les changements de direction. Le tout commence avec l’introduction à la position athlétique. Les pieds sont positionnés à la largeur des épaules. Le poids du corps repose sur la surface entière du pied et non sur la pointe des pieds ou sur les talons. Il y a flexion à la cheville, au genou et à la hanche; ce qui permettra éventuellement la triple extension. Le torse est haut avec une légère inclinaison vers l’avant, les bras fléchis au coude et les yeux qui fixent vers l’avant.
Lors des changements de direction, il est important d’augmenter la base de support et de baisser son centre de gravité. Lors de la phase de décélération, les pas sont également raccourcis et une fois la phase de décélération complétée, il est important de tourner les hanches dans la direction choisie et accélérer dans cette nouvelle direction (Roozen & Suprak, 2012).
Ces composantes du changement de direction peuvent être entraînés par des exercices de type fermés (closed-skill). Ces activités permettent de mettre l’accent sur la maîtrise d’une bonne exécution d’un changement de direction. Le simple fait de placer deux cônes avec quelques mètres de distance entre les deux et demander à un jeune athlète de se déplacer latéralement d’un cône à l’autre représente bien ce type d’exercice.
Une fois que les fondements de l’entraînement des changements de direction sont maîtrisés, il faut entraîner la composante cognitive de l’agilité. Un des points qui ressort de la littérature est le fait que les athlètes de haut niveau possèdent cette capacité d’anticiper les actions de leur adversaire en réponse aux stimuli que ceux-ci envoient. Il importe donc d’inclure des exercices avec des stimuli visuels, sonores ou autres qui sont spécifiques au sport pratiqué par le participant. Par exemple, il est souvent enseigné aux athlètes d’athlétisme de regarder le sol avant le départ d’une course. Ceux-ci répondront ensuite à un stimuli sonore. Pour les athlètes de sports d’équipe dont l’entraînement en athlétisme est un moyen de développer la vitesse en ligne droite, leur demander de répondre à un stimuli sonore n’aura pas le même impact, car ces derniers, dans la pratique de leur sport, répondent plutôt à des stimuli visuels; de là l’importance pour ces athlètes de fixer les yeux vers l’avant.
De plus, étant donné que l’environnement des sports est hautement aléatoire, il faudra que les exercices utilisés puissent répliquer cette environnement. Divers exercices de nature ouverte (open-skill) de 1-contre-1, de poursuite ou de tag peuvent être utilisés à cet égard.
En conclusion, il est important d’être au courant des différents composantes de l’agilité afin de permettre à l’athlète de se développer de manière optimale. Il peut être quelques fois difficile d’incorporer des exercices ouverts dans la préparation sportive d’un athlète, surtout si ce dernier s’entraîne seul. Toutefois, lors d’activités de groupe, la participation à des jeux simulés ou à d’autres sports ouverts comme le soccer sur surface réduite peut s’avérer une bonne option.
Sources: Roozen, M., & Suprak, D.N. (2012). NSCA Sport Performance Series: Developing Agility and Quickness. Chapter 1: Factors Determining Agility. Editors: Jay Dawes & Mark Roozen. Pages 1-24. Sheppard, J.M. & Young, W.B. (2005). Agility literature review: Classifications, training and testing. J Sports Sci. 2006 Sep;24(9):919-32. Young, W.B., James, R., & Montgomery, I. (2002). Is muscle power related to running speed with changes of direction?Journal of Sports Medicine and Physical Fitness, 43, 282-288
Bonjour, lors de cette article n’avez-vous pas lu les travaux de F.Aubert sur la vitesse et l’agilité? Même s’il est français, il a pondu de très bons articles à se sujet.
Cordialement
Bonjour Bertrand,
Je ne suis pas familier avec les travaux de ce F. Aubert, mais merci pour la référence. Il sera certainement très intéressant de lire ses articles.