Après 3 jours passés à me promener dans les différents quartiers de Londres et à visiter diverses attractions touristiques (Kensington Palace, Buckingham Palace, Churchill War Rooms, Big Ben et le Parlement, le stade et musée de l’équipe du Blues de Chelsea), aujourd’hui était le lancement de la conférence Leaders Sport Summit pendant laquelle j’allais assister aux conférences sous l’onglet Leaders in Performance. On parle ici d’un événement d’envergure internationale avec des participants provenant de plus de 45 pays.
Pour débuter la journée, j’ai fait le tour des panels et des divers commanditaires de l’événement. J’ai notamment jasé avec les gens de Gen3 Kinematics, Keiser, les divisions NorthForce et Chek de la compagnie Fam Sports ainsi que la compagnie JeeCee et leur appareil B-E-St. Par la suite, le premier conférencier était Stuart Lancaster, le nouvel entraîneur-chef de l’équipe nationale anglaise de Rugby. Il a été nommé nouvel entraîneur après des événements malheureux qui ont démoli l’équipe et son image. Son défi: instaurer une nouvelle culture à cette équipe qui avait perdu son identité. Avant tout, ce processus se devait de débuter avec les entraîneurs et les leaders de cette équipe. Pour cet ancien professeur d’éducation physique, la culture d’une équipe influence le niveau de motivation et le comportement de l’équipe. Cette culture d’équipe est unique; ce sont donc les membres de celle-ci qui doivent la créer.
L’environnement immédiat de l’équipe influencera également les comportements des joueurs. Il est donc important pour le groupe d’entraîneurs d’établir les règles, d’être exigeant afin d’établir un environnement propice à la création de cette culture d’équipe. À cet égard, Stuart Lancaster donnait l’exemple de 2 classes dans une école. Le premier professeur est plus directif, demande à ce que personne ne parle en même temps que lui et que les sacs soient accrochés au dossier de la chaise. Le second professeur, dans le cours qui suit, tolère que les élèves parlent en même temps que quelqu’un intervient en classe (lui-même ou un autre élève) et que les sacs à dos soient éparpillés dans la salle. Comment est-ce que le premier professeur peut demander comportement souhaité alors que son collègue s’en fout. L’environnement est donc défavorable à la culture qu’il souhaite établir dans sa classe. Toutefois, dans le contexte d’une équipe sportive, le développement de cette culture est une des responsabilités de l’entraîneur et il doit éduquer ses leaders, les supporter dans cette démarche et leur donner les outils nécessaires à l’atteinte de cette identité.
La seconde leçon de Stuart Lancaster était: une «équipe élite» ou une «équipe d’élites» («a team of stars or a star team»). Il faut être en mesure d’identifier les forces de l’équipe et des individus qui la composent et de bâtir sur celles-ci. Il faut aussi ne pas avoir peur de l’échec. Il faut être confiant dans la défaite et voir cela comme une opportunité de s’améliorer dans le processus qui les mènera vers le succès.
Ensuite, il faut être en mesure d’identifier les raisons qui nous poussent à changer cette culture d’équipe. Les raisons doivent provenir des membres de l’équipe. On parle ici de motivation intrinsèque et non pas de motivation basée sur les récompenses, la renommée ou autres.
Ensuite, tous les athlètes sont au courant des sacrifices qu’ils doivent faire pour atteindre leurs objectifs. Dans le contexte d’un changement de culture au sein d’une équipe sportive, il faut que le groupe d’entraîneurs demandent la participation complète des athlètes et que ces derniers soient prêts à assumer les sacrifices qui y sont associés. Il faut créer cette identité, établir un but et les standards à atteindre. Une fois cette étape terminée, je crois qu’il est ensuite possible de voir des changements dans la culture de l’équipe. Les joueurs auront établi, avec l’aide de l’équipe d’entraîneurs, des objectifs clairs qui leur tiennent à cœur. Ces objectifs doivent ensuite être partagés avec l’équipe inter-disciplinaire qui gravite autour de l’équipe. On peut inclure les thérapeutes, les managers, les directeurs, les fans, etc. De cette manière, nous sommes en mesure d’établir une vision d’excellence à plus ou moins long terme, une vision d’excellence qui a émergé du cœur de l’équipe, soit les individus qui la composent au quotidien. Rendu à cette étape, il ne reste qu’à attendre, suivre le plan pré-établi et voir ses efforts récompensés.
La seconde présentation était celle de Mark Verstegen et Charles van Commenee et avait comme titre: Fail to Plan? Plan to Fail. Dans le contexte de la performance sportive à un haut niveau, il est primordial de préparer les athlètes à compétitionner sous pression. Les deux intervenants ont souvent fait référence à l’importance d’être fort mentalement; d’avoir le bon état d’esprit. Pour se faire, il faut établir un partenariat entre l’intervenant et le participant. Mark Verstegen mentionnait l’importance de connaître le «it», cette raison/motivation qui pousse un athlète à se dépasser, à s’entraîner, à récupérer. Ensuite, il faut établir la culture de cette relation intervenant~participant, préparer plusieurs plans d’action, identifier les standards à atteindre et prendre action. Ce processus est long. Charles van Commenee mentionnait que la plupart des athlètes performent alors qu’ils sont âgés entre 25-35 ans et cela après 10-15 ans de préparation.
Les intervenants ont également touché à quelques aspects concernant le monitoring de l’entraînement. En premier lieu, une planification adéquate doit être suivie d’un suivi rigoureux. Les données doivent être spécifiques au sport pratiqué ou à l’entraînement et doivent pouvoir être recueillies et analysées dans l’immédiat pour fournir un feedback à l’athlète selon son désir. Ces données peuvent également servir à mieux connaître la situation actuelle de l’entraînement sur le plan physique, psychologique ou social.
La troisième présentation regroupait un biomécanicien de la NASA, le directeur de McLaren Mercedes ainsi que le directeur de la recherche et l’innovation du sport britannique. Plus complexe, cette présentation avait pour sujet l’interaction de la science, de la technologie et la performance sportive. Concrètement, on peut retenir qu’il est important d’avoir une question de recherche pour ensuite mettre sur pied un modèle pour collecter des données, les analyser et en tirer des conclusions. Par modèle, cela peut prendre plusieurs formes selon notre domaine. En préparation physique, on peut penser au développement de la puissance par exemple. On établit ensuite un plan d’action, une préparation sur plusieurs cycles d’entraînement, on recueille les données pour ensuite les analyser et tirer les conclusions suite à cette expérimentation. Aussi, dans un environnement où il est facile de se sentir impuissant face à la quantité d’information à laquelle on peut faire face, il suffit de la filtrer en prenant en considération les demandes et les besoins fondamentaux du sport pratiqué.
Finalement, la dernière présentation avait pour sujet la réalisation de tests dans l’atteinte de la performance. Un des points forts de cette présentation était le témoignage de Fabrice Muamba, joueur du club de soccer de Bolton qui a été victime d’un arrêt cardiaque en plein match au mois de mars dernier et qui était «mort» pendant 78 minutes. Une des grandes questions de cette présentation était: Qu’est-ce que le terme prévention veut vraiment dire? Les intervenants ont notamment parlé de l’importance de l’éducation dans le processus de prévention de blessures et d’incidents tragiques comme les arrêts cardiaques. La première ligne de défense serait notamment l’électrocardiogramme, l’historique familial et les descriptions de symptômes particuliers. Toutefois, le domaine de la prévention et du «screening» dans son ensemble est relativement jeune (~25-30 ans) permettra des pratiques beaucoup plus poussées et précises dans les années à venir.
Voici, en résumé, les sujets qui ont été abordés aujourd’hui au cours de la conférence. Il ne s’agit pas du type de conférence où l’on apprend énormément de nouveaux concepts que l’on peut ensuite appliquer dans notre pratique, mais plutôt d’une conférence qui permet de connecter plusieurs concepts provenant de différents domaines reliés, de près ou de loin, à la préparation physique et la performance de haut niveau. J’ai hâte de voir ce que les intervenants de demain nous réservent.
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Ping : A lire : 15/10/12 | Xavier Barbier - Préparateur physique - Evry