De l’instruction à l’apprentissage, pas seulement sur les bancs d’école

Cela fait quelques semaines que j’ai un article qui traîne sur mon bureau à propos de l’enseignement supérieur dans les universités. Cet article, bien qu’il traite des défis des établissements d’enseignement supérieur en ce qui a trait à l’instruction des élèves, touche néanmoins le domaine du coaching sportif dans une certaine mesure.

L’article de Barr & Tagg (1995), intitulé From Teaching to Learning : A new paradigm for Undergraduate Education, soutient que le système scolaire à cette époque avait pour but l’instruction des élèves via la transmission des connaissances des enseignants aux élèves et cela souvent d’une manière passive. Or, les auteurs suggèrent à ces mêmes institutions de changer leur vision de l’enseignement et de cibler l’apprentissage chez les élèves, la démonstration des acquis de la connaissance grâce, notamment, à un environnement dynamique, engagé et stimulant où l’étudiant et l’institution scolaire travaillent ensemble, de manière synergique. Ce paradigme de l’apprentissage au lieu de l’instruction permet notamment de placer l’apprenant au milieu de processus d’apprentissage et lui permettre de progresser à son rythme, selon ses forces, ses faiblesses, ses intérêts, etc.

Il est possible de transposer ce paradigme de l’apprentissage dans le domaine sportif et voir l’entraîneur sportif occuper un rôle similaire que celui de l’enseignant. Dans le contexte sportif, les athlètes acquièrent de la maturité et progressent à des vitesses différentes. Il faut donc être prudent lorsqu’un jeune athlète en développement ne réussit pas à atteindre des standards de performance représentant souvent la moyenne, excluant ainsi les joueurs très doués et ceux qui le sont un peu moins. On voit souvent cette situation se produire dans certains sports où l’on privilégie les joueurs à maturation hâtive au profit des jeunes dont la maturation est plus tardive. Les interventions de l’entraîneur sportif ou du préparateur physique doivent donc être adaptées aux compétences actuelles de l’athlète, dans le contexte où ce dernier se développe.

Pour l’entraîneur sportif, il sera alors difficile d’appliquer un seul modèle qui stimulera l’apprentissage à tous les joueurs sous sa tutelle, mais ce désagrément pour l’entraîneur sera bénéfique pour les apprenants et éventuellement pour l’entraîneur lui-même; ce dernier développant et améliorant ainsi son intervention pédagogique. Avec cette approche, autant l’entraîneur que les athlètes sont au courant que l’apprentissage demeure un processus actif, cumulatif et qui progresse dans le temps. Aussi, l’athlète se doit d’être un acteur impliqué dans son apprentissage. Ce dernier doit construire sur ses connaissances acquises, faire des liens, questionner, expérimenter, échouer, évaluer et essayer de nouveau.

Au final, une approche basée sur l’apprentissage peut occasionner des frustrations initialement, autant pour l’entraîneur que pour l’athlète, mais il faut se rappeler que l’apprentissage reste un processus qui prend du temps. Malgré tout, valoriser une telle approche permettra certainement aux athlètes d’être plus autonomes, d’être en mesure de mieux réagir aux diverses situations en compétition, car les athlètes et l’entraîneur auront établi ensemble des bases solides sur lesquelles construire. Cette approche est-elle utopique? Je ne le crois pas, mais elle représente certainement un défi d’envergure si l’on décide de l’appliquer.

Barr, R. B., & Tagg, J. (1995). FROM TEACHING TO LEARNING- A New Paradigm for Undergraduate Education. Change, 27(6).

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