Ce billet constitue le premier d’une série d’articles Focus qui mettront l’accent sur la préparation physique dans un sport en particulier. Comme j’ai récemment commencé à encadrer un jeune joueur de tennis, j’ai effectué quelques recherches dans la littérature afin de mieux approfondir mes connaissances de ce sport.
A priori, étant donné la durée totale d’un match de tennis, durée allant d’une heure à plus de 4 heures de jeu, on pourrait penser que ce sport est à dominante aérobie. Or, lorsque l’on examine les actions au cours d’un match de manière qualitative, on se rend compte que le tennis requiert la performance d’un nombre élevé d’actions de haute intensité; actions qui seront répétées tout au long du match. Le service, les changements de direction et les coups de raquette constituent principalement ces actions de haute intensité. Un point dure en moyenne entre 5 et 16 secondes selon le style de jeu des participants. Un joueur puissant au service voudra conclure l’échange plus rapidement, donc un échange d’une durée plus courte comparativement à un joueur qui privilégie un jeu de fond de terrain par exemple. Entre les échanges ou les points, le temps de repos dure en moyenne entre 15 et 28 secondes. Lorsque l’on regroupe les temps d’effort et de repos, on parle alors d’un ratio travail:repos allant de 1:2 à 1:5.
Alors, comment doit-on orienter l’entraînement en tennis? En premier lieu, il est toujours intéressant d’augmenter la consommation maximale d’oxygène (VO2max) afin d’améliorer sa condition physique générale et permettre de soutenir un charge de travail élevée. De plus, la sollicitation d’un travail à dominante aérobie repoussera la fatigue et facilitera la récupération entre les points. Cette composante, dans le cas du tennis, sera mieux entraînée grâce à du travail par intervalles et un travail intermittent. Le ratio travail:repos utilisé se situera donc entre 1:2 et 1:5.
Ensuite, il est primordiale d’augmenter l’intensité de travail afin de solliciter les filières énergétiques de type anaérobie lors des efforts. Il est possible de voir l’entraînement anaérobie comme l’entraînement de la performance sportive et l’entraînement aérobie comme l’entraînement de la récupération. Dans le cas de l’entraînement anaérobie, les actions réalisées doivent être explosives, de courtes durées et entrecoupées de temps de repos beaucoup plus longs. Ces actions regroupent les accélérations, décélérations, changements de direction, les coups et les services. Il est donc important d’incorporer des sprints et autres actions de course intégrant des changements de direction dans l’entraînement du joueur de tennis. De plus, il est suggéré de limiter la longueur des sprints à 20 mètres, distance maximale à parcourir habituellement au cours d’un échange.
Ensuite, l’entraînement en musculation sera nécessaire afin d’augmenter la puissance, la force et l’endurance musculaire du participant et aussi réduire l’incidence de blessure. Avant tout chose, il faut s’assurer de la fluidité dans l’exécution des mouvements de base tels que le squat, les fentes, le gainage abdominal et une bonne amplitude de mouvement au niveau des hanches, de la colonne thoracique et de l’articulation de l’épaule. Ensuite, on augmente la force maximale à un niveau jugé adéquat (pas besoin de soulever des charges de 500lbs au squat) avant d’orienter le travail en puissance ou endurance de puissance selon le jeu du participant. Dans l’optique de la réduction des blessures, une attention particulière doit être porté aux muscles de la coiffe des rotateurs lors de la décélération de la raquette suite à un coup droit, un revers ou un service. La vitesse élevée de la raquette pendant le service doit être décélérée à la fin de l’action, de là l’importance d’un travail excentrique au niveau des muscles de la coiffe des rotateurs. Ce travail excentrique, combiné à un travail concentrique et une amélioration de l’amplitude de mouvement à l’épaule est vital pour la santé de cette articulation. Toutefois, il est important de noter que la majorité des blessures qui surviennent en tennis sont des blessures au niveau des membres inférieurs et du bas du dos. Il sera donc important de corriger les déséquilibres musculaires qui peuvent causer ces maux, intégrer un entraînement des membres inférieurs bilatéral et unilatéral et maintenir une flexibilité et mobilité adéquate au niveau des hanches et des membres inférieurs.
En conclusion, le tennis est un sport à dominante anaérobie qui est caractérisé par la répétition d’efforts de haute intensité au cours d’un match qui n’est pas limité dans le temps. Un travail de force, de puissance, de vitesse, d’agilité, de flexibilité et d’endurance doit ainsi composer la préparation physique d’un joueur de tennis. Cette préparation physique doit être intégrée à un calendrier de compétition qui peut s’avérer très rigoureux. Une planification adéquate de l’entraînement et un suivi des performances sportives et de la récupération seront indispensables dans l’atteinte d’un pic de performance, que l’on soit un athlète compétitif ou récréatif.
Bon entraînement!
Sources: Ellenbecker, T., De Carlo, M., & DeRosa, M. (2009). Effective Functional Progressions in Sport Rehabilitation. Human Kinetics, Champaign, Il., 239 pages. Kovacs, M.S. (2006). Applied physiology of tennis performance. Br J Sports Med. 40: 381-386. Kovacs, M.S. (2007). Tennis Physiology: Training the Competitive Athlete. Sports Med. 37 (3): 189-198. Conversion personnelle avec athlète en tennis. 1 Novembre 2012.