Je dois vous avouer que j’ai de plus en plus d’intérêt pour la discipline de l’haltérophilie, non seulement comme préparateur physique, mais également comme une personne qui continue de s’entraîner dans une optique de santé (et de performance. Je suis encore un brin compétitif!). La semaine dernière, j’ai donc contacté deux clubs d’haltérophilie, soit celui de Pointe-aux-Trembles où coache Pierre Roy, ainsi que le Club Nord à Lachute, où coache Guy Marineau. Mon objectif était de discuter avec ces deux entraîneurs de renom de planification d’entraînement, de coaching quant à l’enseignement des mouvements pour les débutants et intermédiaires, comment corriger certaines erreurs, etc., tout cela afin de transposer le tout dans le contexte dans lequel je travaille.
Pour mon travail, j’entraîne des athlètes majoritairement en sports collectifs. Pour ces athlètes, l’haltérophilie est un moyen de développer la puissance musculaire, une puissante extension à la hanche, développer la coordination inter-musculaire ainsi que mieux absorber la force/charge. C’est aussi un excellent moyen de travailler la flexibilité (bien que le soulier des haltérophiles aide à l’atteinte d’un squat profond, la flexibilité requise pour l’arraché et l’épaulé-jeté technique est importante). En aucun cas, je perçois l’haltérophilie comme une finalité. Cela rejoint la pensée de Pierre Roy, qui mentionnait que le nerf de la guerre dans un sport comme l’haltérophilie est la spécificité. Ce serait la même chose dans le cas d’un sprinteur de 100 mètres. L’entraînement doit être très spécifique dans le cas des mouvements, mais aussi des charges levées et des répétitions utilisées. Par exemple, Pierre Roy va privilégier le front squat au back squat pour sa spécificité dans le sport. Dans le cas d’un athlète pratiquant un sport collectif, il y a beaucoup d’autres variables à entraîner (changement de direction, hypertrophie, sauts multidirectionnels, décélération, prise de décision, etc.). Le niveau de spécificité va donc varier et un entraînement constitué exclusivement d’exercices d’haltérophilie ou de sprints en ligne droite va présenter d’importantes lacunes au niveau de la préparation au sport.
Un élément que j’ai retenu suite à mes deux visites est le concept d’individualité dans le sport. Lorsque je suis allé visiter Pierre Roy, j’étais un peu surpris de voir que le point de contact à la hanche de ses athlètes n’était pas le même que celui que m’a enseigné mon ami Nick Roberts, lui-même haltérophile de haut niveau. Le point de contact des athlètes de Pierre Roy était notamment plus bas pour l’arraché. Toutefois, l’haltérophilie Carolanne Lanouette m’a apporté une précision à ce sujet hier. Tout dépend des caractéristiques segmentaires de l’athlète. Dans son cas, le point de contact est plus haut au niveau de la hanche à cause de ses bras plus courts comparativement à son tronc. Aussi, hier, Guy Marineau faisait éloge de deux de ses athlètes avec des caractéristiques bien distinctes. L’un était très technique, très flexible (trop même selon les dires de Guy Marineau!), tandis que l’autre possédait une grande force, mais une technique qui reste à améliorer. Le premier performe mieux à l’arraché, tandis que le second performe mieux à l’épaulé-jeté, avec comme résultat des combinés presque similaires. J’ai donc bien aimé le fait que les performances des athlètes et leurs techniques, bien que certaines peuvent différer de ce que l’on dit comme la norme, soient fortement liées à leur individualité.
Finalement, il y a un lien à faire avec les deux clubs et les livres The Talent Code et The little book of talent: 52 tips for improving your skills de Daniel Coyle. Dans le premier ouvrage, l’auteur a visité différents endroits réputés pour former des athlètes, musiciens, chanteurs et étudiants d’exception. Ces endroits sont tous similaires par le fait qu’ils sont menés par des gens passionnés ayant une vaste expérience dans leur domaine. De plus, ces talent hotbeds ne possèdent pas des installations à la fine pointe de la technologie; au contraire. Les installations sont de base, avec le nécessaire pour parvenir à atteindre ses objectifs. Les clubs d’haltérophilie que j’ai visités doivent être des talent hotbeds. Athlètes dévoués, coach passionné et équipement de base requis pour le développement des compétences à la discipline de l’haltérophilie (fait à noter, aucun des deux clubs ne possédaient de plateformes d’haltérophilie; le sol était recouvert de tapis de caoutchouc). Néanmoins, les athlètes que j’ai vu cette semaine étaient rigoureux à l’entraînement, concentrés et travaillant à se dépasser et à s’améliorer.
Bref, ce fut une semaine enrichissante sur le plan professionnel. Prochaine étape, on m’a demandé de joindre le club de Pointe-aux-trembles (ce que je vais faire afin de perfectionner ma technique) et au moins une séance d’entraînement avec Guy Marineau 😉