Je prends beaucoup de plaisir depuis les derniers mois à lire sur des sujets autres que la préparation physique. Certes, il est intéressant et pertinent de bien et de mieux comprendre la théorie qui supporte le développement de la puissance, la prévention des blessures ou le développement à long terme de l’athlète, par exemple, mais je crois fermement que se limiter uniquement à ce genre de lectures n’est pas le meilleur choix.
Dernièrement, j’affectionne particulièrement les sujets du coaching, de la pédagogie et du leadership. Et par coaching, j’entends plus particulièrement l’approche dite athlete-centered, où l’athlète est placé au centre du processus d’entrainement et où l’entraîneur occupe davantage un rôle de facilitateur, de guide. Dans ce nouveau rôle, l’entraîneur ne détient pas toute l’information que recherche l’athlète et surtout, ne lui transmet pas toute cette information avec ce dernier adoptant la posture d’un récepteur passif. Au contraire, l’athlète doit être engagé, motivé, prêt à se sentir « challenger », mis au défi tant au niveau physique qu’au niveau cognitif ; peut-être même au niveau social et affectif. Surtout, l’athlète en question ne doit pas avoir peur de commettre des erreurs, car les erreurs stimulent l’apprentissage.
Suite à ces lectures sur le coaching, je me suis beaucoup questionné sur comment intégrer cette approche en préparation physique. Vous pouvez lire sur une activité de genre ici que j’ai mené avec des jeunes au niveau secondaire. Le but de l’exercice n’était pas de produire le programme d’entrainement parfait pour s’entrainer en soccer, mais bien de stimuler la réflexion concernant les exigences du sport, sur quels exercices je peux choisir pour me préparer à ces exigences et comment ajouter de la variété dans mes séances sans avoir à suivre un programme de musculation traditionnel ciblant des groupes musculaires précis et à l’aide de machines. Mais qu’en est-il lorsque l’on se situe à un niveau de performance plus élevé où les résultats sont peut-être (sûrement) plus importants que le processus d’apprentissage des jeunes athlètes ?
Voici donc quelques réflexions issues de discussions avec deux collègues au cours des dernières semaines :
- Demander à l’athlète en question de réaliser une analyse sommaire des exigences du sport. Cela permettrai d’orienter le contenu des séances en éliminant surtout le travail superflu. Dans une de mes dernières lectures, l’auteur proposait le concept du « WIN : What’s Important Now » comme une approche permettant de cibler l’essentiel et d’orienter ainsi son travail. Ainsi, en football canadien ou américain, l’essentiel des actions consiste à démarrer, courir, changer de direction, sauter et lutter contre un adversaire. Comment puis-je donc orienter mon travail de préparation physique pour répondre à ces 5 exigences ?
- Offrir une structure permettant une certaine flexibilité à l’athlète. Comme l’enseignant qui peut transmettre à ces étudiants l’information de manière magistrale, le préparateur physique peut demander aux athlètes qu’il encadre de réaliser un entrainement qu’il fait « subir » à ces derniers. Les athlètes suivent ou exécutent le programme d’entraînement. Existe-t-il un moyen de les engager dans le processus d’entrainement ? Mon collègue Nick Hill prône l’enseignement ou le coaching par principes. Ainsi donc, en préparation physique, il est possible de catégoriser des actions comme suit : production/réduction des forces, gainage statique ou dynamique, poussée/tirade, lancer, sauter, réceptionner, etc. En ayant comme objectif de réduire les forces, il est alors possible de demander à l’athlète de sélectionner des exercices qui cadrent avec l’objectif recherché comme un squat ou un saut en mettant l’accent sur la réception par exemple. De cette manière, pour citer mon collègue Arnaud Ferec, on augmente l’engagement des athlètes en leur offrant des choix qui peuvent répondre à leurs propres besoins motivationnels.
- Proposer des thèmes, des objectifs et repères de réussite qui permettent de guider la séance d’entrainement. Par exemple, si l’on souhaite développer sa vitesse de course, on peut demander à ce que les exercices de sprint soient réaliser à un certain % de sa vitesse maximale pour x séries et x répétitions (90 ou 95% représentant la limite inférieure selon certains travaux). Un repère de réussite pourrait être relié à la technique de course, la posture ou le son des appuis au sol par exemple. La prescription d’entrainement pourrait donc être flexible compte tenu de l’état de l’athlète au moment de la tenue de la séance.
Bref, je crois fermement qu’il est possible d’introduire un peu de pédagogie dans le domaine de la préparation physique de manière à ce que les athlètes puissent être davantage engagés dans ce processus. Ceci n’est certes pas un processus facile, autant pour l’athlète que pour l’entraineur/préparateur physique qui désire adopter une telle approche. Les résultats peuvent tarder à apparaître, mais il faut être patient et surtout, informer les gens et autres intervenants de nos intentions. Surtout, il ne faut pas avoir peur de commettre des erreurs, car comme les athlètes, nous, en tant que professionnels, sommes tout autant sujets à faire des erreurs. Il suffit d’être en mesure d’apprendre celles-ci.
Sur cela, je partage avec vous cette présentation TED Talk qui date de décembre 2010, mais qui s’applique parfaitement à la situation pédagogique de l’entraineur sportif et, par extension, peut s’appliquer également au préparateur physique.
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