Bon, un peu de répit dans cette semaine un peu mouvementée avec les nombreux travaux universitaires qui commencent à se bousculer. J’en profite pour compléter ma lecture de la nouvelle recherche par Lieberman et al. (2010) qui analyse la biomécanique de la foulée du pied lors de la course à pied et les implications concernant la course pieds nus ou avec des chaussures offrant un minimum de stabilité et d’absorption.
A priori, l’équipe de recherche (Lieberman et al., 2010) analyse les différentes composantes du soulier de course moderne. Celui-ci possède un coussin large et un système d’absorption des chocs qui facilite un pas stable, dont le premier point de contact avec le sol se fait avec la talon. De plus, l’arche de la chaussure prévient la pronation du pied en plus de réduire l’affaissement de l’arche du pied. Cela est-il problématique? Peut-être que oui et peut-être que non. La grande majorité des coureurs courent ainsi (75% des coureurs) parce que c’est confortable, stable et que le talon offre plus d’absorption que le milieu ou la pointe du pied (Hasegawa et al., 2007). Pourtant, entre 30-75% des coureurs développent, chaque annnée, des blessures de stress et Lieberman et al. (2010) propose l’hypothèse que le fait de courir et de déposer le talon au sol en premier contribue au développement du type de blessures mentionné précédemment.
Ensuite, les chercheurs classifient les coureurs en trois catégories: heel strike, midfoot strike et forefoot strike. Chez un coureur de type heel strike, la talon touche le sol en premier, suivi par la pointe du pied (course talon-orteil). Celui de type midfoot strike touche le sol de manière simultanée avec le talon et la pointe du pied, tandis que le coureur de type forefoot strike touche le sol avec la pointe du pied, ensuite avec le talon pour se propulser avec la pointe du pied (toe-heel-toe). Dans leur recherche, Lieberman et al. (2010) indique que la majorité des coureurs pieds nus courent de manière forefoot striking, car ils ressentent de la douleur lorsqu’ils doivent déposer le talon en premier au sol. De plus, plusieurs coureurs habitués de courir avec des chaussures de course modernes, lorsque demandés de courir pieds nus, ces derniers ont changé leur premier point de contact au sol, passant du talon à la plante ou pointe du pied (Lieberman et al., 2010).
Lors de leurs analyses biomécaniques, l’équipe de recherche démontre sur vidéo la différence d’impact entre les différents types de course. Ils concluent que le coureur qui forefoot strike subit beaucoup moins de force lors des impacts au sol. Un coureur qui court sur le talon subit un impact qui équivaut à 6,8% de son poids corporel combiné avec un impact comparé à un marteau qui frappe le talon avec une force correspondant à 1,5-3 fois son poids corporel, tandis qu’un coureur qui attérit d’abord avec la pointe du pied subit un impact équivalant à 1,7% de son poids corporel.
En conclusion, le fait de courir pieds nus et/ou avec des souliers tels les Nike Free ou les Vibram Five Fingers permet notamment de renforcer les muscles profonds du pied, en plus d’économiser jusqu’à 5% plus d’énergie (Divert et al., 2005; Squadrone et Gallozzi, 2009). Toutefois, mieux vaut être prudent si l’un décide de changer sa manière de courir, puisque un changement trop soudain peut provoquer des tendinites du talon d’achille. Il est également important de s’assurer qu’il est possible de courir pieds nus et/ou avec des chaussures offrant un support et une absorption auprès d’un professionnel de la santé du pied. Lorsque quelqu’un décide de changer sa manière de courir, le tout doit se faire de manière progressive afin de créer une adaptation. Il est également important de s’assurer d’une bonne récupération des muscles du pied, des mollets et des ischios-jambiers grâce à des étirements et des massages et d’arrêter toute activité causant de la douleur.
Mon opinion quant à cette recherche: la recherche est très intéressante et démontre que, malgré les nouvelles avancées technologiques, ce qui était normal de faire il y a des centaines d’années ne méritait pas d’être changé (allusion à faire avec l’introduction des glucides dans une alimentation humaine composée majoritairement de viandes, fruits, légumes et noix). Bien sûr, plusieurs facteurs doivent être pris en considération quant à savoir si oui ou non, quelqu’un peut courir pieds nus. Toutefois, cela peut engendrer des avantages intéressants en terme de renforcement des muscles des pieds et activation du réflexe extenseur lors de charges soulevées en musculation, un réflexe qui active la musculature des membres inférieurs. Bref, étant donné que je soulève mes charges de soulevé de terre et que je possède des Nike Free, la prochaine étape consiste à m’acheter des Vibram Five Fingers et augmenter ma capacité à courir grâce à ce type de chaussures. Tout un défi m’attend!