La période de transition : Mieux planifier ce qui doit être fait après une saison de compétition

Pour plusieurs entraineurs, la planification de l’entrainement peut s’avérer un exercice intellectuel très rigoureux dans lequel celui-ci tente d’établir avec précision quand entrainer les diverses qualités physiques requises dans le contexte sportif dans lequel il oeuvre, quelles méthodes d’entrainement il va choisir pour solliciter ces qualités, le nombre de séries et de répétitions à réaliser, le temps de repos, etc. 

La période de préparation, qui consiste généralement en une phase de préparation générale suivie d’une phase de préparation dite spécifique, est habituellement la plus détaillée, surtout d’un point de vue physique (si l’on aborde le sujet de la perspective du préparateur physique par exemple). Pendant la période de compétition, le développement ou le maintien des différentes qualités physiques est intégré au développement des habiletés techniques, tactiques et psychologiques qui seront déterminantes lors des matchs ou compétitions. Encore ici, l’entrainement est habituellement très détaillé de manière à s’assurer d’atteindre un état de forme  et de préparation qui sont optimales en vue du prochain match. Toutefois, lorsque vient le temps de planifier la période de transition, qui marque une période d’une durée de quelques semaines entre la fin de la période de compétition et le début de la prochaine période de préparation, le  contenu est parfois un peu plus vague, moins détaillé. Par exemple, il est couramment suggéré de prendre 1 à 2 semaines complètes de congé avant d’entamer un programme d’entrainement plutôt général d’une durée de quelques semaines en fonction du plan annuel et du temps disponible avant le début de la prochaine saison. 

La période de transition devrait évidemment permettre aux athlètes de bénéficier d’un repos fort mérité après une longue saison de compétition; repos qui leur permettra certainement de recharger les batteries autant sur le plan physique que psychological et de passer un peu de temps avec leur famille et amis, mais elle devrait également servir à préparer le travail qui sera à réaliser lorsque la période de préparation ou l’entre-saison débutera. À ce sujet, deux intervenants (Carl Valle et Jorge Carvajal) ont récemment souligné l’importance de la période de transition avec les athlètes avec qui ils travaillent. Dans un récent article pour le site web Simplifaster, Valle souligne que la période de transition est certainement la plus importante pour lui, puisqu’un athlète qui n’est pas rétabli de la précédente saison accumulera du retard au cours de la prochaine période de préparation. Il propose notamment de subdiviser la période de transition en quatre sous-catégories : (1) Réhabilitation et récupération, (2) Vacances, (3) Désentrainement contrôlé ou « Controlled detraining & light travel » et (4) Pré-GPP pour entrainement pré-phase de préparation générale. Dans le cas de Jorge Carvajal, il a mentionné au cours d’un récent webinaire que, lorsqu’il travaille avec des athlètes de la NFL au cours de l’entre-saison, il passe davantage de temps à promouvoir la récupération que de développer les qualités physiques de ces athlètes. En fait, il mentionne qu’après une saison de 18 matchs (sans compter les matchs pré-saison et les éliminatoires), les joueurs tentent avant tout de récupérer du  stress que leur corps a accumulé. Il mentionne par exemple que la majorité du travail au cours de ce bloc d’entrainement est réalisé avec des exercices de poids de corps, des kettlebells, du travail en piscine et autres activités de faible intensité; le tout combiné à des activités de récupération comme le yoga par exemple.

Bien évidemment, la planification de la période de transition dépend de plusieurs facteurs à considérer, notamment le contexte sportif et les besoins des différents athlètes qui composent l’équipe. En ce qui concerne le contexte sportif, dans le sport universitaire par exemple, la période de transition est une opportunité pour les étudiants-athlètes de rattraper le retard qu’ils ont pu accumuler sur le plan académique. Souvent, ceux-ci ont de nombreux travaux à remettre lorsque la saison d’automne se termine et les examens de fin de session ne sont pas très loin. L’entrainement qui sera planifié doit donc prendre cela en considération. De plus, ce ne sont pas tous les étudiants-athlètes qui auront été sollicités de la même manière au cours de la saison de compétition. Pour certains, le besoin de récupérer sera prioritaire alors que d’autres pourront poursuivre leur développement. Je dirais même que pour un groupe restreint de vétérans, la période de transition permet également de préparer le travail très spécifique et exigeant qui est associé à une préparation aux divers camps d’évaluation qui ont habituellement lieu en mars. Dans ce cas-ci, il est important pour l’entraineur ou le préparateur physique de mettre en place divers programmes d’entrainement qui seront adaptés aux besoins de différents groupes d’athlètes, que cela soit d’une optique de récupération, de développement ou de préparation. 

En somme, la période de transition pouvait autrefois consister en des recommandations d’ordre général comme prendre du temps de repos complet, faire du travail de faible intensité ou de solliciter l’endurance musculaire. De nos jours, avec les saisons de compétition qui se prolongent et des enjeux toujours plus importants, il convient de mieux planifier la période de transition afin que celle-ci puisse permettre aux athlètes de récupérer, éliminer les petites blessures et faiblesses afin de pouvoir entreprendre la période de préparation dans un état optimal. Ainsi, la période de transition ne doit plus être perçue comme la fin d’un cycle et le but d’un autre cycle où l’on doit recommencer à zéro, mais davantage comme d’un moment pour réévaluer nos objectifs et nos besoins afin de mieux poursuivre dans le processus d’entrainement.

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