La physiologie du football américain

Afin de bâtir un plan d’entraînement des plus complets sur une période de plusieurs mois, il faut être en mesure d’analyser en détails le sport pratiqué par l’athlète.  Le domaine de la préparation physique a énormément évolué depuis les dernières années et simplement reproduire ce que vous avez fait comme entraînement lorsque vous étiez au niveau universitaire ou même professionnel n’est pas garant de succès. On sait pertinemment qu’un programme exclusivement orienté vers le culturisme ou la dynamophilie par exemple sont mieux qu’aucun entraînement, mais le transfert des acquis sur le terrain sera limité.  Or, ces deux types de programmes ont eu une place importante dans la préparation physique pour le football américain, mais présentaient néanmoins des lacunes.  La préparation physique a évolué depuis, mais il ne suffit pas d’être gros ou très fort pour pratiquer le football américain.  C’est beaucoup plus complexe que ça.

Qualités physiques

Une équipe de football américain est composée de joueurs de toutes sortes.  Les joueurs de ligne sont imposants et forts physiquement, tandis que les joueurs qui jouent à l’extérieur de la boîte sont souvent plus rapides, agiles et explosifs.  L’entraînement des joueurs des différentes positions doit donc prendre en considération leurs responsabilités sur le terrain.

Joueurs de ligne: Contacts physiques à chaque jeu, prise de masse musculaire comme protection contre les impacts.  Force maximale importante afin de déplacer des charges lourdes (opposition adverse), mais aussi puissance musculaire afin de déployer cette force le plus rapidement possible (sur le «snap» du ballon).

Joueurs de position: Contacts physiques selon la position (le porteur de ballon et le secondeur de ligne seront plus sujets aux contacts que les demis-défensifs et les receveurs de passes). Mélange de force maximale et de puissance musculaire.  Les demis-défensifs et receveurs de passes bénéficieront d’un entraînement axé sur la pliométrie afin d’augmenter la hauteur de leur saut vertical après l’établissement d’une solide fondation en force maximale.  De plus, ces quatre groupes de joueurs peuvent bénéficier d’un entraînement en force-endurance (ou du moins de l’inclusion de la force-endurance) compte tenu des plus grandes distances qu’ils ont à parcourir par rapport au repos entre les jeux.

Quart-arrière et botteur: Des positions très spécifiques qui requiert certaines attentions particulières.  Le quart-arrière est considéré comme un «overhead athlete», soit un athlète qui lance un objet avec une motion par-dessus la tête, au même titre qu’un lanceur au baseball.  Certains vous diront de ne pas réaliser d’exercices au-dessus de la tête et d’autres oui.  Je suggère une approche plus holistique qui préparera l’athlète à être en mesure de réaliser ce type de mouvement (éliminer les contre-indications qui seraient présentes initialement) et ensuite trouver les exercices qui poseront le moins de stress possible aux structures de l’articulation de l’épaule.  Un bonne entraînement des muscles de la coiffe des rotateurs est également de mise.  Pour le botteur, il s’agira d’être conscient que le mouvement combiné de flexion et d’adduction à la hanche peut mener à une hernie sportive.  Une bonne mobilité de la hanche et une bonne qualité des tissus mous aidera dans la prévention.

Filières énergétiques

Il existe un vif débat sur l’entraînement des filières énergétiques en ce moment.  D’un côté, ceux qui ne jurent que par l’entraînement de la vitesse et des intervalles et de l’autre, ceux qui soutiennent que l’entraînement aérobie a sa place dans l’entraînement des sports intermittents comme  le football, le soccer, etc.  Pourtant, les deux composantes ne sont pas opposées, mais bien essentielles une à l’autre.

Le football américain consiste en un jeu d’une durée de 3-7 secondes entrecoupés de 20-40 secondes de repos (pour être très général).  Les efforts sont intenses et courts.  On répète ensuite le tout pour former une série, qui peut être courte ou très longue; certaines pouvant aller jusqu’à plusieurs minutes.  On parle en moyenne d’une soixantaine de jeux par match, le tout sur une durée de 2h30-3h00.

Comme la vitesse est le nerf de la guerre au fur et à mesure que l’on gravit les échelons, il faut que cette qualité soit entraînée.  Par contre, c’est bien beau être très rapide pour un jeu, il faut être en mesure de pouvoir répéter cette action à plusieurs reprises et éventuellement avec la présence de fatigue.  Cette qualité se nomme capacité à répéter des sprint ou Repeated-Sprint Ability (RSA).  L’entraînement de cette qualité est composé à la fois d’une composante de vitesse entraînée par exemple avec un entraînement de sprint traditionnel (efforts courts et intenses, longue période de repos) ainsi qu’une composante aérobie qui permet de mieux récupérer (resynthèse de l’ATP et de la créatine phosphate grâce à l’oxygène).  I est possible d’entraîner cette composante aérobie notamment grâce à l’entraînement par intervalles et/ou intermittents très courts par exemple.

De plus, il ne faut pas oublier l’entraînement de l’agilité.  Également une habileté complexe à entraîner, il est important de faire évoluer les exercices sélectionnés afin de passer d’une activité fermée (déplacements avec cônes) vers une activité ouverte où l’athlète doit réagir à un stimuli et prendre la bonne décision en réponse à la situation qui lui est présentée.

En conclusion, il est important de bien pouvoir cerner les différentes composantes d’un sport afin de bâtir le meilleur entraînement possible.  L’observation de la pratique et la compréhension du sport en question, ainsi que l’application des principes d’entraînements et de méthodes supportées par la science sont essentiels.

2 réflexions au sujet de “La physiologie du football américain”

  1. Ping : Interval training, poisson gras -Ce qu’il ne fallait pas rater cette semaine 13/01/12 | Xavier Barbier - Préparateur physique - Evry

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