La place de l’haltérophilie dans l’entraînement de la puissance

Dans le domaine de la performance sportive, ce qui distingue le plus les athlètes de haut niveau des autres athlètes est la capacité de leur système neuromusculaire à produire le maximum de travail en moins de temps possible (Decloître et Veillette, 2006; McGill, 2009). Rendus à un certain niveau de rayonnement et de performance, la majorité, sinon tous les athlètes devront entreprendre un entraînement visant à développer la puissance musculaire, la force-vitesse ou la vitesse-force.

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Or, il est de plus en plus commun d’utiliser l’haltérophilie afin d’atteindre cet objectif. Cette méthode est-elle efficace? Si l’on se fie à une comparaison faite par O’Shea (1999) concernant la force et la puissance d’un haltérophile et d’un dynamophile, l’haltérophile est l’athlète qui déploie le plus de puissance. Le dynamophile, un homme du nom de Kenady, pouvait soulever une charge de 405 kg, à un poids corporel de 140 kg, sur une distance de 0,4 mètres en 2 secondes, lui permettant ainsi de déployer une puissance absolue de 794 watts et une puissance relative de 5,67 watts par kilogramme de poids corporel. L’haltérophile Pisarenko, quant à lui, pouvait soulever une charge de 265 kg, à un poids corporel de 120 kg, sur une hauteur de 0,9 mètres en 0,9 secondes. Il développait alors une puissance absolue de 2597 watts, plus de 3 fois celle de Kenady, et une puissance relative de 21,64 watts par kilogramme de poids corporel (O’Shea, 1999). De plus, l’utilisation d’exercices tels que l’épaulé du sol ou en suspension et l’arraché permettent à l’athlète de pratiquer la triple extension du complexe cheville-genou-hanche, indispensable à plusieurs mouvements sportifs tels les sauts et la course.

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Par contre, l’utilisation de l’haltérophilie comme méthode de développement de la puissance demeure une méthode où le risque de blessures est passablement élevé. L’athlète qui désire inclure des mouvements d’haltérophilie doit, tout d’abord, posséder les qualités musculaires pré-requises à ce type d’entraînement, soit la mobilité et la force musculaire. Lorsque cela est acquis, il est important que l’athlète obtienne les conseils et soit sous la supervision d’un entraîneur qualifié. De plus, il faut également s’assurer d’avoir accès à l’équipement spécialisé que ce sport requiert.

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Par la suite, lorsque l’on décide d’introduire l’haltérophilie dans l’entraînement, il est primordial que cela soit fait en prenant compte du contexte sportif dans lequel l’athlète évolue. On ne doit pas appliquer à la lettre un programme adapté destiné à un haltérophile pour un athlète dans un sport technico-tactique (football, hockey, soccer, etc.). Les demandes de ces sports sont différentes, ces derniers nécessitant plus de travail au niveau des différentes filières énergétiques, des qualités physiques et de l’aspect tactique relié au sport, limitant ainsi le temps disponible à l’haltérophilie. L’exécution des mouvements en haltérophilie doit également se faire dans un état reposé, compte tenu de la grande demande technique et du stress imposé sur le corps et le système nerveux central. De là l’importance de bien intégrer cette méthode dans un plan annuel qui tient compte des différentes pratiques et périodes de compétition. De plus, il est important de bien sélectionner les exercices en fonction de la morphologie des athlètes en question. Un épaulé à partir du sol peut représenter un danger potentiel si l’athlète ne peut se positionner adéquatement en maintenant un alignement vertébral neutre lors de la position de départ. Bref, une fois tous ces facteurs pris en considération, il est possible d’inclure ou non l’haltérophilie à un régime d’entraînement.

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Quoi faire si l’on décide de ne pas inclure de mouvements d’haltérophilie à l’entraînement? Il existe plusieurs autres méthodes pour développer la puissance. Mentionnons, entre autres, la dynamic effort method popularisée par Louis Simmons et les gens du Westside Barbell Club, la méthode stato-dynamique, la méthode par contraste et la pliométrie telle que développée par Yuri Verkohansky. Les deux premières méthodes consistent, habituellement, à utiliser des charges plus légères (30-70% du 1RM selon les résultats recherchés (DecloîtreDecloître et Veillette, 2006; Gambetta, 2007)), mais à augmenter la vitesse à laquelle la charge est soulevée. La méthode par contraste, quant à elle, consiste à soulever une charge relativement lourde (5RM et moins) et performer ensuite (immédiatement après ou moins de 30 secondes après avoir complété l’exercice) un exercice dynamique avec le poids du corps ou une résistance externe (ballon médicinal par exemple)(DecloîtreDecloître et Veillette, 2006). En dernier lieu, la plyométrie telle que développée par Verkohansky consiste à tirer le maximum du couplage étirement-raccourcissement, dont l’énergie emmagasinée dans les tendons aidera à développer plus de puissance dans la phase concentrique d’un mouvement, en autant que le temps de couplage soit le plus court possible, minimisant ainsi le moment passé en isosont pas des exercices de vraie plyométrie. Selon Yessis (2006), les bounding, skipping et hoppingsont en fait des sauts préparatoires à la plyométrie comprenant divers sauts en contrebas.

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Bref, l’utilisation de l’haltérophilie n’est pas le seul moyen d’entraîner la qualité physique de la force-vitesse/vitesse-force. Bien que l’haltérophilie possède beaucoup de mérites, il suffit d’adapter le programme métrie. Il est aussi important de noter que tous les exercices de sauts ne d’entraînement en fonction de l’athlète auquel nous avons affaire, de l’équipement disponible et tout cela en suivant une progression logique. Le processus à long terme portera alors ces dividendes.

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Bibliographie :

Decloître et Veillette. (2006). Issu des notes de cours Kin 353: Planification de l’entraînement de Martin Roy, Université de Sherbrooke. Hiver 2010.

Gambetta, V. (2007). Athletic Development: The Art & Science of Functional Sports Conditioning. Human Kinetics, Champaign, Il. 312 p.

McGill, S. (2009). Ultimate Back Fitness and Performance, 4th Ed. Backfitpro Inc. Waterloo, Canada.

O’Shea, P. (1999). Toward an understanding of power. Strength & Conditioning Journal: Volume 21 – Issue 5.

Yessis, M. (2006). Build a Better Athlete: What’s Wrong with American Sports and How to Fix It. Equilibrium Books, Terre Haute. 228p.

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