Pour performer à un haut niveau de compétition dans des sports de collisions comme le football, le rugby et le hockey, nombreux sont les jeunes athlètes qui pensent que développer l’hypertrophie musculaire est un « must ». Oui, cette hypertrophie musculaire aide à encaisser les collisions jusqu’à un certain point et oui, une plus grande coupe transversale au niveau musculaire due à l’hypertrophie des fibres contractiles du muscle peut aider à développer plus de force. Toutefois, il existe des prérequis ainsi que des qualités musculaires beaucoup plus importantes à développer.
Avant tout, la capacité à réaliser des mouvements divers en QUALITÉ dans leur pleine amplitude de mouvement, dans plusieurs plans de mouvements et à différentes vitesses est un prérequis fondamental. Ensuite, des qualités de vitesse, de puissance et de force, l’endurance anaérobie et aérobie sont importantes dans beaucoup de sport, bien plus que le développement de l’hypertrophie, qui souvent viendra avec le temps et l’accumulation du travail réalisé à l’entrainement.
Mais revenons à cette quête de l’hypertrophie musculaire. Il y a quelques semaines, j’ai lu un article intéressant de Till, Jones, McKenna, Whitaker, & Backhouse (2015) sur les comportements à risque en lien avec le dopage chez les adolescents pratiquant le rugby. Selon les auteurs, les exigences du sport en ce qui a trait aux caractéristiques anthropométriques ne cessent d’augmenter et la sélection des jeunes participants favorisent maintenant les jeunes qui possèdent un physique imposant donc la maturité physique est atteinte plus rapidement. Ce phénomène a également été rapporté par des chercheurs du Sport Science Institute of South Africa (SSISA) lors de mon séjour à Cape Town en Septembre dernier. Or, les rugbymen n’atteignent leur plein potentiel athlétique que plus tard à l’âge adulte. Il est donc possible pour les entraineurs et sélectionneurs de passer à côté de beaux espoirs, car ils peuvent ne pas avoir encore atteint la même maturité physique que certains de leurs comparses. Pour citer les auteurs de l’étude : « the emerging evidence shows that prioritising body size, especially during a key period of physical and psychological change, may be naive and counterproductive for handling the complex and dynamic nature of rugby ». Il est de mon opinion qu’il est possible de remplacer le rugby par des sports comme le football et le hockey ici au Québec.
À l’adolescence, l’image, le paraître est parfois aussi important que la performance sportive. Il peut également y avoir une pression de performer qui peut pousser certains jeunes à contempler l’utilisation de divers produits afin d’améliorer la performance ou la récupération. La première étape doit être l’éducation. Il faut enseigner à ces jeunes que l’entrainement est un processus non-linéaire à différentes vitesses. Les premières adaptations à l’entrainement sont davantage neurales que physiologiques. Que les gains se manifestent principalement grâce au repos et non parce que tu vas au gym 7 jours sur 7. Que la nutrition et le sommeil sont des étapes indispensables pour pouvoir bien performer et récupérer. Ensuite, il faut leur offrir un encadrement sécuritaire, multi-factoriel et adapté à leurs besoins.
Finalement, « given adolescence is a time of significant change and rugby (ou tout autre sport intermittent avec collisions) is a complex sport, we contend that a long-term multi-dimensional player development approach is more appropriate. In addition, it makes more sense to monitor player progression to ensure long- term success rather than pursuing short-term match outcomes. This approach is likely to foster an ethos of positive player development, and lessen the likelihood of maladaptive behaviours that threaten both the health and well-being of the player, and the sport ».
Till, K., Jones, B., McKenna, J., Whitaker, L., & Backhouse, S. H. (2015). The search for size: a doping risk factor in adolescent rugby? British Journal of Sports Medicine, 1–3. http://doi.org/10.1136/bjsports-2015-094737