La fin de semaine dernière avait lieu la première édition de la conférence MOVE-Everywhere à Ottawa sur le campus de l’Université Carleton. Pour cette première édition, mon collègue Patrick Bériault, qui agissait comme co-directeur de l’événement avec Stephanie Karlovits de EPIC Fitness Ottawa, a réuni des présentateurs de renom, notamment Alan Aragon, Dean Somerset, Roman Jahoda, Jean-François Ménard, Dre. Laura Cruz et Kurtis Frank pour ne nommer que les présentateurs principaux.
Les présentations auxquelles j’ai assisté étaient super intéressantes et très diversifiées en termes de contenu. Toutefois, la présentation que j’ai trouvée la plus intéressante était celle de Jean-François Ménard. Jean-François a étudié la psychologie sportive à l’Université d’Ottawa et a par la suite été psychologue à la performance pendant 5 ans au Cirque du Soleil. Il a notamment parlé de la psychologie de la performance avec les artistes-athlètes du Cirque. Il soutient que ces gens ne sont pas si différents de la population générale, mais qu’ils ont le désir de faire les petits extras qui leur permettent de performer à ce niveau pendant 425 spectacles par année. Jean-François mentionnait notamment que ces gens ne doivent pas tomber dans la routine; que cela ne les rendrait pas «sharp» mentalement.
Je suis partiellement d’accord avec Jean-François à cet égard et je m’explique. Dans un premier temps, je suis d’accord que le fait que d’avoir une routine peut être monotone pour certains et que cela peut étouffer leur créativité et leur passion. Pour être créatives, passionnées, enthousiastes, ces personnes doivent être stimulées de manières variées et à des intervalles irréguliers. Le principe d’adaptations spécifiques aux demandes imposées (Specific Adaptations to Imposed Demandes ou SAID Principle) qui gouverne le corps humain fonctionne de cette manière. Si l’on impose toujours le même stress sur l’organisme (même % d’intensité, même vitesse d’entraînement, même distance, etc.), celui-ci stagne, car il s’est déjà adapté au stimulus et seulement une nouvelle stimulation brisera ce plateau.
Toutefois, lorsque l’on regarde du point de vue du coaching, la mise en place d’une routine est souhaitée pour diverses raisons. Premièrement, l’établissement d’une routine d’échauffement par exemple ainsi qu’une routine d’accueil des participants et de rassemblement permet de sauver du temps lors d’une séance d’entraînement. Ce temps pourra alors être mieux investit dans les démonstrations et les répétitions par exemple, avec comme effet l’augmentation du temps disponible à l’apprentissage chez le participant (Morency & Bordeleau, 2012).
Tel que je l’avais partagé avec vous en août dernier ici, j’ai décidé d’insérer davantage de routines d’échauffement dans mes programmes dans le but de faciliter la rétention des exercices et aussi libérer plus de temps pour le cœur des séances d’entraînement. J’avais établi différentes routines selon le thème de la séance, soit une séance de renforcement musculaire, une séance de pliométrie, d’haltérophilie et de développement de la vitesse de course, entre autres. J’intègre moi-même différentes routines d’échauffement à mes entraînements dans le but de diminuer la durée totale de mes séances.
Bref, je crois qu’il est possible d’intégrer des routines, que cela soit à l’entraînement comme dans la vie quotidienne. L’important demeure, selon moi, dans la capacité à adapter nos routines et les modifier à l’occasion de manière à limiter la monotonie et ainsi prévenir l’ennui. Encore une fois, la réponse à une interrogation qui émerge dans le domaine de l’entraînement n’est ni blanche, ni noire, mais donne dans les tons de gris.
RÉFÉRENCES
Morency, L., & Bordeleau, C. (2012). Le manuel de l’entraîneur sportif . Montréal, Qc: Québec Amérique. 351 pages.