Le choix des exercices en réathlétisation d’une blessure au genou

Nous entamons le dernier droit de la saison en football collégial québécois avec les séries éliminatoires qui débutent cette semaine.  Dernièrement, beaucoup de mon travail avec une des équipes dont je supervise la préparation physique fût orienté vers la réathlétisation. En effet, trois joueurs de l’équipe ont subi des blessures aux genoux en match, dont deux blessures au ligament collatéral interne de nature traumatique et une possible rupture du ligament croisé antérieur de nature non-traumatique chez le troisième.

Je ne suis ni thérapeute sportif ni physiothérapeute. Mon travail avec ces trois joueurs est un fait une continuité de travail de la thérapeute sportive de l’équipe avec pour objectif final de progresser les joueurs vers un retour au jeu en augmentant progressivement l’intensité et la complexité des exercices prescrits à l’entrainement.

Dans l’ensemble, pour une blessure au ligament collatéral interne, mon approche est de permettre aux joueurs de rapidement être en mesure de réaliser des mouvements de squat et de fentes dans différentes amplitudes et vitesses.  On débute avec un travail avec des charges plus légères ou poids de corps pour un nombre plus grand de répétitions.  Tranquillement, je stresse le ligament collatéral interne dans le plan frontal avec des fentes latérales, des déplacements latéraux, de la pliométrie basse et des exercices d’équilibre.  Plus le joueur a de bonnes sensations, plus je progresse la charge au squat en termes de poids soulevé et en variant le choix de squat arrière et squat avant.  Je commence aussi à combiner les exercices de résistance avec des exercices pliométriques en utilisant la méthode de contraste des charges.  Au niveau de la course, on débute avec des courses de style Tempo pour passer à des intermittents linéaires courts à des courses intermittentes avec des changements de direction (zig-zag et COD 180 degrés).

Pour le joueur ayant subi une blessure au ligament croisé antérieur, l’approche est sensiblement la même, en prenant soin de m’assurer qu’il ne ressent aucune douleur lors des exercices sollicitant la décélération.  Après qu’il ait reçu son diagnostic de rupture du LCA, nous avons quand même réalisé des exercices de squat poids de corps et fentes pluri-directionnelles sans qu’il n’éprouve de douleur.  De plus, il était en mesure d’avoir une amplitude de mouvement complète au cours de cette mini-séance à l’intérieur d’ne pratique technico-tactique avec le reste de l’équipe.  Une semaine plus tard, il était en mesure de répéter tous les mouvements de squat et de fentes avec une charge externe (ballon médicinal) et il a même été en mesure de courir les courses tempo avec un des joueurs blessé au LCI.

Par souci pour ces joueurs, j’ai quand même pris la chance de contacter mon collègue spécialiste en réathlétisation Mikaël Berthommier en France pour avoir son avis. Mikaël a fait du bon boulot au cours de l’été avec un footballeur de haut niveau; boulot qu’il a documenté sur vidéo pour plusieurs des séances réalisées.  Lors de notre conversation, j’ai ressorti un argument intéressant qui m’a poussé à réfléchir sur mon choix d’exercices dans les programmes des trois joueurs mentionnés précédemment.  Au cours des dernières années, j’ai été fortement influencé par les travaux de différents intervenants et participants du programme de mentorat du Gambetta Athletic Improvement Network à Houston.  L’accent sur l’entrainement dans ce groupe est très axé sur la globalité.  Des exercices comme le squat, les fentes et le step-up sont donc largement utilisés dans l’entrainement en utilisant différents paramètres selon les objectifs à atteindre.  Par exemple, un exercice de fente est favorisé par rapport au Nordic Curl pour renforcer l’ischio-jambier.  Mikaël a toutefois ajouté une nuance à ce propos en formulant: « Il est important d’analyser le ratio entre la prescription d’exercices dit fonctionnels ou globaux versus des exercices analytiques ou locaux. »

choix exos réathlétisation

Dans le cas d’une rupture au LCA, il est certain qu’il faudra solliciter le travail des muscles ischio-jambiers afin de restreindre le mouvement de translation du tibia vers l’avant.  Dans cette optique proposée par Mikaël, est-ce qu’un travail de l’ischio-jambier en position couchée sur le ventre comme lors de l’exercice de leg curl peut avoir sa place? Est-ce qu’un travail sur une presse à cuisses peut avoir sa place dans un autre programme de réathlétisation?  Je crois que oui dans la mesure où il est possible de justifier pourquoi on utilise un certain exercice.  Je me souviens de la présentation de Steve Hess de Nuggets de Denver dans la NBA lors du second congrès de l’U3P en septembre dernier qui disait utiliser des machines comme la presse à cuisses ou la machine leg extension dans un but précis et dans un contexte plus grand de préparation physique.

Bref, suite à ma conversation avec Mikaël, j’ai réintroduit quelques exercices plus analytiques dans les programmes d’entrainement des trois joueurs blessés au genou.  La grande majorité des contenus d’entrainement sont encore orientés vers la réalisation d’exercice comme le squat, les fentes et les step-ups, mais l’introduction d’exercices sollicitant davantage la chaîne postérieure permet de solliciter différents groupes musculaires et en même temps donner un certain repos aux muscles impliqués dans les mouvements de décélérations et triple flexion.  Au final, il s’agit d’utiliser les bons outils d’une bonne manière lorsque le contexte le demande.

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