Le surentrainement est souvent associé à un déséquilibre entre le stress imposé à l’organisme et la capacité de ce dernier à récupérer. Des symptômes physiques comme une baisse de performance, une fatigue accrue, des douleurs musculaires, une sensation de jambes lourdes, une perte d’appétit ou une perte de poids par exemple sont caractéristique du surentrainement. L’individu peut expérimenter également des symptômes psychologiques comme des sauts d’humeur, de l’anxiété, de l’irritabilité ou une perte du désir de compétition.
Jay Coakley (1992) associe ces symptômes au « stress-based model »; modèle qui vise surtout à outiller l’athlète à mieux gérer sa réponse au stress et à mieux encadrer l’entrainement qu’il reçoit. Or, l’auteur soutient que ce modèle ignore le contexte de développement social de l’athlète. Selon lui, le surentrainement et le burnout ou décrochage du sport qui peut s’en suivre sont davantage un problème social et non pas seulement un problème de gestion du stress chez l’individu. Coakley soutient, à la suite d’entrevues réalisées avec 15 athlètes, que ces derniers ont délaissé la participation dans le sport de haut niveau pour deux raisons : (a) parce qu’ils avaient une identité unique, soit celle d’un athlète de haut niveau et (b) parce qu’ils sentaient ne pas avoir le contrôle sur des décisions qui leur appartenaient (Coakley, 1992).
Concernant leur identité unique d’athlète de haut niveau, ce dernier écrit :
For them, sport involvement became analogous to being on a tightrope : it was exciting, they were good, they were the center of attention, but they knew they couldn’t shift their focus to anything else without losing their balance. And if they lost their balance, they knew there would be no net to catch them.
En ayant placé tous leurs œufs dans le même panier si l’on peut dire, ces jeunes individus peuvent se sentir insécures lorsqu’ils sont incapables d’atteindre leurs objectifs ou lorsque des obstacles se dressent sur leur chemin. De manière anecdotique, il n’est pas rare d’entendre ce discours chez des athlètes nouvellement retraités du sport se questionner sur leurs plans d’avenir.
D’un autre côté, lorsqu’un jeune athlète s’engage dans une recherche de la haute performance, que cela soit dans les sports ou dans d’autres disciplines, il se peut qu’il doive dès lors faire des choix qui peuvent être déchirants et que ces choix soient pris par d’autres personnes (entraineurs, parents, organisation), limitant ainsi le contrôle que l’athlète peut avoir sur sa réussite.
Au final, bien que beaucoup d’études portant sur le surentrainement identifient des causes reliées au « stress-based model », il est tout de même important de prendre en considération les relations sociales et le développement personnel de l’athlète. Il est important de savoir pourquoi un athlète désire s’engager dans l’atteinte de la performance et de comprendre également les raisons qui peuvent le pousser à vouloir en sortir. De plus, il est primordial d’assurer un équilibre entre sa vie d’athlète et sa vie en tant qu’individu, étudiant, coéquipier, ami, etc. Il est vrai que l’atteinte de la haute performance comporte des choix et des sacrifices, mais la réalité est qu’il est facile et possible d’intégrer des moments où l’on peut décrocher, réaliser les expériences que l’on souhaite réaliser ou simplement s’évader.
Référence
Coakley, J. (1992). Burnout Among Adolescent Athletes : A Personal Failure or Social Problem ? Sociology of Sport Journal, 9(3), 271–285.
Merci pour l’article !