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L’entraînement des jeunes: pourquoi sommes-nous si loin derrière?

Je m’excuse d’entrée de jeu pour le contenu de ce prochain billet.  Mon but est de simplement dire les choses telles qu’elles le sont, en espérant que vous, lecteurs, pourrez prendre conscience de mes dires et peut-être, pourrons-nous ensemble offrir un encadrement meilleur à nos jeunes garçons et filles qui désirent se développer dans le sport.  On entend peu parler du retard qu’accuse le Québec dans le domaine du conditionnement physique, mais celui-ci est flagrant lorsque l’on se compare avec nos voisins immédiats, les États-Unis.  Certains soutiennent que le Québec accuse quelques dizaines d’années de retard sur d’autres nations.  Je partage cet avis.

Les infrastructures de qualité, que cela soit les centres sportifs publics ou privés ou les établissements scolaires, sont rares et seulement quelques-unes se démarquent par leur initiative.  Comment voulez-vous que l’on encadre nos jeunes lorsque les salles de musculation des écoles secondaires sont équipés de quelques vieux dumbbells, des vélos stationnaires et des steps d’aérobie?  Où sont les cages à squat, les plateformes d’haltérophilie, les dumbbells et autres équipements qui permettront aux divers intervenants d’avoir un impact immense sur le développement des jeunes, que cela soit dans le sport ou simplement d’aider à prévenir les conséquences d’un mode de vie sédentaire?  Je vous l’accorde, l’investissement est grand au début.  On peut parler entre 50 000-100 000$ pour très bien équiper une salle de musculation.  Or, des dumbbells bien entretenus peuvent durer jusqu’à 20 ans!  De plus, des barres et poids d’haltérophile seront certainement plus utilisés que la machine torso twist qui accumule la poussière et détruit la colonne vertébrale de ceux qui l’utilisent.  Le rapport entre l’usage et le prix déboursé est donc minime.

De plus, en plus d’équiper les écoles de salles de musculation opérationnelles, cela permet l’embauche de kinésiologues ou d’autres intervenants en activité physique afin d’encadrer les jeunes.  En se basant sur le modèle du développement à long terme de l’athlète, un jeune peut commencer à s’entraîner entre 8 et 12 ans, en respectant le stade «apprendre à s’entraîner».  À ce stade, on initie les jeunes à l’entraînement en musculation grâce à des poids libres, en mettant l’accent sur l’acquisition de la bonne technique en utilisant des charges sous-maximales.  On entraîne également la vitesse grâce à des sprints et des exercices de changements de direction, sans toutefois solliciter le système lactique.  Pour l’entraînement aérobie, il faut individualiser les demandes quant à l’introduction de l’entraînement par intervalles et en continu.  Par la suite, entre l’âge de 12 et 16 ans, on progresse avec le stade «s’entraîner à s’entraîner», où le développement en musculation est plus orienté vers la force et l’hypertrophie musculaire avec des charges sous-maximales, en préparation au prochain stade; en continuant d’intégrer des sprints et des changements de direction lors des séances d’entraînement en vitesse et introduire l’athlète à l’entraînement anaérobie de manière modérée.  À ce point, on peut réellement avoir un impact sur les aptitudes physiques de ces jeunes athlètes.  Trop souvent, au niveau collégial, on se retrouve malheureusement avec des jeunes n’ayant aucune expérience en salle de musculation, qui n’ont aucune idée des techniques de course, de comment utiliser leur corps dans l’espace pour se déplacer, décélerer, changer de direction et/ou réaliser des patrons moteurs de base comme un squat ou un soulevé de terre.  J’aimerais vous donner quelques chiffres, gracieuseté de Dan John et des jeunes du secondaire qu’il supervise en Utah.  Voici les minimums à atteindre à la fin du secondaire:

Power Clean: 205 lbs    Front Squat: 205 lbs    Back Squat: 255 lbs    Deadlift: 315 lbs    Clean and jerk: 165 lbs    Military Press: 115 lbs

Ce sont là des chiffres vraiment impressionnants.  Toutefois, en me basant sur le recueil Fundamentals of High School Strength and Conditioning de la International Youth Conditioning Association (IYCA), ce sont là des exercices fondamentaux que l’on devrait être apte à enseigner et que nos jeunes devraient maîtriser au secondaire.  Bref, leur entraînement devrait se composer d’exercices sollicitant la force et la puissance musculaire, le développement des filières énergétiques et la mobilité.  Le plus tôt cet entraînement se fera et mieux ils seront préparés rendus au niveau collégial et universitaire par la suite.

De plus, il ne faut pas oublier tous les autres aspects sur lesquels nous pouvons avoir un impact.  Que cela soit sur l’importance d’une saine alimentation, sur l’adoption de saines habitudes de vie ou d’enseigner des valeurs comme la discipline, le travail, la persévérance.  L’encadrement que l’on peut retrouver en salle de musculation forge les individus.  On y retrouve une camaraderie.  Une camaraderie que l’on peut retrouver dans les sports d’équipe.

Bref, je souhaite simplement ici vous faire part de mon souhait le plus profond de voir notre société québécoise prendre le meilleur chemin possible pour la jeunesse en terme de santé à long terme, soit celui de la promotion de l’activité physique.  Il faut changer notre perspective quant à l’activité physique.  Ne pas avoir peur de débourser de l’argent pour des installations dont la population générale peut également se servir et en retirer des bénéfices.  Prendre la peine de créer de l’emploi dans le domaine de l’activité physique, un domaine où l’on ne peut se permettre de payer un professionnel 15$ de l’heure lorsque la majorité de ceux-ci possède des baccalauréats.  Je crois, en conclusion, que tout le monde pourrait s’en tirer pour le mieux.

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