Les BCAA améliorent-ils l’endurance?

Résumé des articles scientifiques

Greer, B.K., Woodard, J.L., White, J.P., Arguello, E.M., Haymes, E.M. (2007). Branched-Chain Amino Acid Supplementation and Indicators of Muscle Damage After Endurance Exercise. International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism, 17, 595-607.

Cette étude menée par Greer et al. (2007) avait comme but de déterminer si la prise de BCAA sous forme de supplément atténuait les dommages musculaires comparativement à la prise d’un breuvage composé de glucides ou un placebo après une séance d’endurance sur vélo stationnaire. Il est important de mentionner que les breuvages contenant les BCAA et les glucides avaient la même teneur en calories. Les sujets étaient des hommes d’âge universitaire, non entraînés, n’ayant participé à aucune activité physique durant la dernière année et qui ne consommaient pas de suppléments alimentaires de quelque sorte (Greer et al., 2007). Ces derniers ont été soumis à trois séances de 90 minutes d’exercice cardiovasculaire sur vélo stationnaire à 55% de leur VO2max, séparées par des intervalles de huit semaines. Les niveaux de lactate déshydrogénase ainsi que de créatine kinase étaient mesurés avant et après les 90 minutes d’exercice, quatre, 24 et 48 heures après, grâce à une extension et une flexion isocinétique de la jambe ainsi qu’à l’aide de la perception de douleur musculaire des sujets (Greer et al., 2007). Les résultats ont démontré des niveaux beaucoup moins élevés de créatine kinase et de lactate déshydrogénase chez les sujets prenant la boisson composée de BCAA comparativement à la boisson de glucides et au placebo. En ce qui concerne la force isocinétique au niveau des jambes, la diminution de force maximale est significativement la même pour les trois groupes. Cependant, le groupe consommant des BCAA a démontré une récupération plus efficace, donc plus rapide tout en démontrant presque aucune douleur post-exercice (Greer et al., 2007). Finalement, les chercheurs ont conclu que la consommation de suppléments de BCAA atténue davantage les dommages musculaires qu’une boisson glucidique ou un placebo.

Tang, F.C. (2006). Influence of Branched Chain Amino Acid Supplementation on Urinary Protein Metabolites Concentrations After Swimming. Journal of the American College of Nutrition, 25, 3, 188-194.

L’objectif de cette recherche était de mesurer l’influence de suppléments de BCAA sur les concentrations d’azote dans l’urée, d’hydroxyproline et de 3-methylhistidine suite à un effort de 25 minutes de brasse suivi d’un effort sur 600 mètres de crawl en natation (Tang, 2006). Les sujets recrutés pour cette étude étaient des étudiants en éducation physique âgés entre 19 et 22 ans de la National Taiwan Normal University inscrits à un cours de natation de niveau II, sans être des athlètes de haut niveau. La moitié des sujets ont reçu un placebo composé de 12g de glucose tandis que l’autre partie a reçu un supplément de 12g de BCAA. L’expérience n’a démontré aucune différence significative dans les concentrations d’azote dans l’urée, d’hydroxyproline et de 3-methylhistidine pour les deux groupes. Toutefois, 24 heures après l’épreuve, les concentrations étaient beaucoup plus élevées dans le groupe placebo que dans le groupe supplémenté avec les BCAA, démontrant ainsi que les BCAA avaient prévenu la dégradation d’acides aminés au niveau musculaire (Tang, 2006).

Shimomura, Y., Murakami, T., Nakai, N., Nagasaki,M., and Harris, R.A. (2004). Exercise Promotes BCAA Catabolism: Effects of BCAA Supplementation on Skeletal Muscle during Exercise. American Society for Nutrional Sciences, 1583S-1587S

Cet atelier sur la prise de suppléments de BCAA rapporte, entre autres, que selon Kimball, Farrell et Jefferson (2002, cité par Shimomura et al., 2004), la prise de BCAA contribuerait au métabolisme énergétique pendant un effort physique en constituant une source d’énergie reliée au cycle de Krebs et à la néoglucogenèse. En effet, un effort physique d’endurance augmenterait la dépense énergétique et solliciterait ainsi le catabolisme d’acides aminés présents dans le tissu musculaire. Un apport plus élevé en acides aminés, dû à une prise de suppléments de BCAA, stimulerait l’oxydation de ces acides aminés comme source d’énergie additionnelle (Rennie, 1996, cité par Shimomura et al., 2004). Il est aussi mentionné que la consommation de suppléments d’acides aminés à branches ramifiées (77mg par kg de poids corporel) avant l’exercice augmente la concentration intracellulaire et sanguine de ces mêmes composés, ce qui inhibe la désamination des protéines (MacLean, Graham et Saltin, 1994; cité par Shimomura et al. 2004). De concert avec l’étude de Greer et al. (2007), cette revue littéraire mentionne la réduction des niveaux de concentration de l’enzyme créatine kinase ainsi que du niveau de perception de la douleur musculaire et ce, plusieurs jours après l’exercice (Coombes et McNaughton, 2000; Nosaka, 2003; cités par Shimomura et al. 2004).

Mero, A. (1999). Leucine Supplementation and Intensive Training. Sports Med. 27, 6, 347-358.

Cet article est une revue littéraire. L’auteur cite, entre autres, une étude menée par Blomstrand et Newsholme (1992, cité dans Mero, 1999) dans laquelle des boissons composées de BCAA étaient consommées par des athlètes d’endurance lors d’une épreuve de cross-country et de marathon. Les résultats ont démontré une augmentation de la concentration plasmatique de BCAA à la fin de l’exercice comparativement au groupe contrôle à qui a été administré un placebo. De plus, une augmentation du niveau de tyrosine et de phénylalanine a été notée chez le groupe contrôle démontrant ainsi une dégradation des protéines musculaires durant l’exercice. Cet effet n’a pas été remarqué dans le groupe ayant consommé des BCAA. Cette affirmation laisse donc envisager que la consommation de BCAA a un effet positif sur la performance d’endurance en protégeant les protéines contractiles des muscles (Blomstrand et Newsholme, 1992; cité par Mero, 1999). De plus, une autre étude menée par Blomstrand et Newsholme (1996) selon laquelle les suppléments de BCAA ont un effet protecteur sur la dégradation du glycogène musculaire chez des cyclistes ayant peu de glycogène en réserve est citée dans cette revue littéraire.

Blomstrand, E., Hassmén, P., Ek, S., Ekblom, B., et Newsholme, E.A. (1997). Influence of ingesting a solution of branched-chain amino acids on perceived exertion during exercise. Acta Physiol Scand, 159, 41-49.

Cette autre étude menée par Blomstrand et ses collègues (1997) avait pour objectif d’affirmer si oui ou non, les suppléments en acides aminés à branches ramifiées ont un impact sur le niveau de fatigue de cyclistes entraînés pendant des efforts continus de 60 minutes sur vélo à 70% de leur VO2max suivi d’un effort maximal de 20 minutes. Le groupe était divisé en deux, le premier groupe ayant reçu un placebo tandis que le second a reçu un breuvage composé de 7g de BCAA (Blomstrand et al., 1997). Avant et pendant l’exercice, les sujets devaient noter leur perception de fatigue à l’aide de l’échelle de Borg. Les résultats ont démontré une baisse plus significative du glycogène musculaire chez le groupe ayant consommé le placebo ainsi qu’une hausse du ratio tryptophane/BCAA dans le plasma sanguin. Pour le groupe ayant consommé des BCAA, la concentration de glycogène musculaire n’a diminué que de très peu tandis qu’aucun changement ou une légère diminution du ratio tryptophane/BCAA a été observé (Blomstrand et al., 1997). Toutefois, les résultats les plus révélateurs ont trait à la perception de l’effort donné par les cyclistes au cours de l’épreuve. Blomstrand et al. (1997) notèrent une baisse dans la perception de fatigue ainsi que pour la fatigue mentale suite à l’effort pour le groupe ayant utilisé des BCAA comparativement au groupe contrôle. Les conclusions qu’ils ont tirées confirmaient donc leur hypothèse de départ.

Réponse à la question : Les BCAA améliorent-ils l’endurance?

Suite aux résultats des différents articles analysés, à savoir si les acides aminés à branches ramifiées (aussi appelés BCAA) améliorent les performances d’athlètes dans des sports d’endurance, il nous est possible d’affirmer que oui, ils ont un effet bénéfique sur la performance d’épreuves d’endurance et sur la récupération. Dans la première étude menée par Greer et al. (2007), les résultats ont démontré des niveaux moins élevés de créatine kinase et de lactate déshydrogénase chez le groupe test comparativement aux deux autres groupes dans la recherche. Les sujets ayant consommé des acides aminés à chaînes ramifiées auraient alors eu moins recours à la créatine et au lactate comme source d’énergie que les autres sujets ayant consommé une boisson riche en glucides ou le placebo (Greer et al., 2007). Ceci signifie que le corps, ayant davantage accès à des sources d’acides aminés, a moins tendance à se servir des acides aminés intramusculaires comme d’une source d’énergie. On peut donc affirmer que les acides aminés à chaînes ramifiées jouent un rôle protecteur sur le muscle lors d’un effort. La baisse du niveau de créatine kinase chez les sujets ayant pris des suppléments d’acides aminés à chaînes ramifiées a aussi été rapportée dans des études de Coombes et McNaughton (2000) et Nosaka (2003; cités par Shimomura et al. 2004). Les sujets ont également démontré une récupération plus efficace, certains ne présentant presque aucune douleur post-exercice dans les jours qui ont suivi (Greer et al., 2007). Une étude menée par Blomstrand et al. (1997) a aussi noté la diminution de la perception de la fatigue chez des cyclistes. Cette perception peut s’expliquer par le fait que les acides aminés à chaînes ramifiées auraient la propriété de protéger les protéines contractiles des muscles de la désamination de leurs acides aminés pour fournir de l’énergie à la réalisation du travail musculaire (Blomstrand et Newsholme, 1992, cité par Mero, 1999; MacLean, Graham et Saltin, 1994, cité par Shimomura et al. 2004; Tang, 2006). En d’autres mots, les acides aminés intramusculaires étant conservés intacts, le corps a moins de difficulté à les utiliser et l’efficacité énergétique des muscles de l’athlète s’en trouve préservée. Au lieu d’aller puiser dans les protéines contractiles des tissus musculaires pour que celles-ci fournissent de l’énergie, la désamination des acides aminés se serait faite à partir des suppléments d’acides aminés à chaînes ramifiées pour que ceux-ci soient convertis éventuellement en pyruvate et en acétyl-CoA pour entrer dans le cycle de Krebs et fournir de l’ATP. C’est le mécanisme par lequel on peut affirmer que les acides aminés à chaînes ramifiées, étant une source d’énergie préférable parce que plus facile à utiliser que celle des acides aminés intramusculaires, sont utilisés en premier lieu, ce qui assure la protection des tissus musculaires, et aide à conserver leur force sur une plus longue période, ce qui, on l’a vu dans certaines expériences, réduit la perception de l’intensité de l’effort ressentie par les athlètes. Bref, les acides aminés à chaînes ramifiées serviraient de source d’énergie additionnelle. Il est donc possible de conclure que la prise de suppléments composés d’acides aminés à chaînes ramifiées, tel que démontré dans les études précédentes, présente un effet bénéfique sur la performance dans des sports d’endurance.

Auteurs: Xavier Roy et Mathieu Langlois, juin 2009

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