Voilà maintenant deux semaines que la saison de football collégial est commencée. Première constatation, la lutte sera féroce afin de déterminer les équipes qui poursuivront leur chemin dans les éliminatoires. La deuxième, je m’étonne de voir autant de crampes musculaires parmi les joueurs. Les crampes sont des contractions involontaires et douloureuses des muscles pendant ou après un exercice physique. Comment se fait-il que certains se mettent, tout à coup, à cramper alors que la partie est déjà bien entamée. Serait-ce à cause de la déshydratation ou à cause d’une perte trop importante d’électrolytes comme le sodium? J’ai effectué ma petite recherche sur le sujet parmi différentes études scientifiques. En voici le résultat.
La première étude fut conduite par Sulzer, N., Schwellnus, M.P. et Noakes, T.D. (2005) chez des triathlètes dans le but d’évaluer si leur taux d‘électrolytes dans le sang est associé à des crampes ou non. Des tests sanguins afin d’évaluer les taux de glucose, magnésium, sodium, potassium, chlorure, hémoglobines et hématocrites furent prélevés dans le groupe de contrôle et le groupe expérimental. Les deux groupes subirent en plus une électromyographie d’un muscle qui ne crampait pas et de celui qui crampait le plus. Les résultats démontrèrent qu’une faible différence dans la concentration sanguine de sodium, variation tout à fait normale (Sulzer, Schwellnus et Noakes, 2005). Finalement, les auteurs conclurent que les concentrations d’électrolytes dans le sang n’étaient pas la cause d’épisode accrus de crampes musculaires, l’activité neuromusculaire plus élevée démontrée par l’EMG pouvant être une cause potentielle (Sulzer, Schwellnus et Noakes, 2005).
Le second article que j’ai trouvé est une revue de la littérature. Bentley (1996) mentionne que le mécanisme des crampes musculaires est complexe et que des interférences à différents niveaux du système nerveux central et périphérique ainsi qu’aux niveaux des muscles peuvent expliquer l’origine des crampes musculaires. Plus précisément, des interférences dans l’activité des fuseaux musculaires (muscle spindle) et des organes tendineux de Golgi résultent en une activité accrue des neurones moteurs et du recrutement des unités motrices (Bentley, 1996). Ces interférences incluent, notamment, une mauvaise posture, un muscle en position de raccourcissement, un exercice intense ou une fatigue à l’effort.
Une troisième étude, menée par Schwellnus (2008), vient démontrer plus clairement les causes des crampes musculaires et vient carrément (du moins, presque…) les hypothèses des pertes importantes en électrolytes et de la déshydratation comme cause des crampes. Les conclusions supportant ces hypothèses ne proviennent que de simples observations en plus de ne fournir aucun mécanisme physiologique plausible, tandis que les études scientifiques faisant état d’une fatigue neuromusculaire proviennent de recherches sur les humains, d’études épidémiologiques chez les athlètes souffrant de crampes et sur des animaux (Schwellnus, 2008).
Finalement, la dernière étude fait le point sur le fait que les crampes musculaires peuvent être divisées en deux catégories : celles déclenchées par une surcharge et une fatigue du muscle squelettique et celles causées par un déficit en sodium (Bergeron, 2008). L’apport inadéquat en sodium, combiné à une perte excessive de cet électrolyte par la transpiration seraient lié à une constriction des fluides interstitiels et à une crampe musculaire plus étendue (Bergeron, 2008).
En conclusion, les recherches pointent davantage sur le mécanisme de fatigue neuromusculaire pour expliquer le phénomène des crampes musculaires. Le moyen le plus efficace, lorsqu’au prise avec des crampes de ce genre, serait alors d’utiliser des étirements de type facilitation neuromusculaire proprioceptive en plus de corriger les débalancements musculaires et posturaux. De plus, il est primordial d’inclure un entraînement cardiovasculaire adéquat pour l’activité pratiqué ainsi que d’utiliser des progressions d’entraînement en plyométrie et d’exercices en contraction excentrique (Bentley, 1996). Or, malgré tout, je crois que la clé pour éviter les crampes musculaires réside, avant tout, dans l’équilibre qui existe entre l’entraînement et la fatigue/surentraînement, dans l’apport adéquat en liquide contenant des électrolytes, en eau et en nutriments (glucides, protéines, gras) et les différents micronutriments (vitamines et minéraux). Avec ces différents outils, vous êtes donc prêts à performer aux meilleurs de vos capacités sans avoir à vous souciez si vous allez souffrir d’une crampe en cours de route. Vous pouvez également consulter l’article sur les crampes musculaires de Performance Athlétique – le blog ici.
Bibliographie Bergeron, M. F. (2008). Muscle Cramps during Exercise-Is It Fatigue or Electrolyte Deficit? Current Sports Medicine Reports: doi: 10.1249/JSR.0b013e31817f476a Supplement-Sodium Balance and Exercise.
Bentley, S. (1996). Exercise-Induced Muscle Cramp: Proposed Mechanisms and Management. Sports Med, 1996 – pdfs.journals.adisonline.com
Schwellnus, M.P. (2008). Cause of Exercise Associated Muscle Cramps (EAMC) — altered neuromuscular control, dehydration or electrolyte depletion? Br J Sports Med 2009;43:401-408 doi:10.1136/bjsm.2008.050401
SULZER, NICOLE U.; SCHWELLNUS, MARTIN P.; NOAKES, TIMOTHY D. (2005). Serum Electrolytes in Ironman Triathletes with Exercise-Associated Muscle Cramping. Medicine & Science in Sports & Exercise: July 2005 – Volume 37 – Issue 7 – pp 1081-1085