Les problèmes du développement à long terme de l’athlète, seulement la pointe de l’iceberg

Pour plusieurs, le concept du développement à long terme de l’athlète (DLTA) peut être quelque chose de nouveau.  Pour d’autres, nous en entendons parler depuis quelques sessions déjà à l’université et ces programmes semblent être la prochaine voie à suivre dans le développement des athlètes de tous les niveaux, en passant par les plus jeunes aux plus vieux.  Or, lors du cours d’encadrement sportif de ce matin, trois de mes collègues ont fait état des problèmes liés à la spécialisation hâtive dans le sport et de concentrer toutes ses énergies sur un sport en vue d’en faire une profession, chose si rare de nos jours.
Bien que je suis d’accord avec le fait qu’il est important de prôner le développement harmonieux des jeunes grâce à différentes phases d’entraînement selon l’âge biologique au lieu de l’âge chronologique et que ce développement doit se faire avant de mettre l’accent sur performance sportive à tout prix, je ne crois pas que le fait de faire du DLTA son cheval de guerre puisse régler le problème que l’on retrouve aujourd’hui dans la société sportive québécoise et canadienne en générale.
Je crois avant tout que le fléau d’imposer toute cette énorme pression aux athlètes de performer à tout prix provient des fondements de notre société, une société qui valorise la performance, que cela soit au niveau académique, artistique, professionnel, sportif, etc.  Par exemple, il est commun, au sein d’entreprises orientées sur les profits et la performance, d’avoir un roulement important d’employés.  Comme le mentionne Michael Gerber (2009) dans son livre The E Myth Enterprise, ces entreprises considèrent leurs employés comme un simple pion sur l’échiquier.  S’il ne fait pas l’affaire, l’employé sera remplacé au profit d’un autre, dans l’espoir que ce dernier offre un meilleur rendement.  Pouvez-vous faire un parallèle avec le jeune joueur dans un sport de haut niveau x qui, ne performant pas à la hauteur des attentes de l’entraîneur, est assis sur le banc ou n’est pas habillé pour le prochain match?  Pouvez-vous faire un lien avec ce que l’on entend à propos de la Chine, dont le nombre immensément grand d’athlètes fait en sorte que si l’un ne répond pas aux attentes fixées envers lui, il est immédiatement remplacé par un autre?  Le monde sportif québécois, que cela soit au hockey, au football, au soccer, peut-il être catégorisé ainsi?  À qui le sport profite-t-il alors, si non pas aux participants?
En réponse à cette question, il arrive souvent que le sport soit gouverné par l’argent.  Cela a ses avantages et ses désavantages.  Il est important d’octroyer des aides financières aux athlètes /organisations à divers paliers de compétition, car il peut être extrêmement difficile de progresser et de s’illustrer dans certains sports.  Par contre, cet argent ne doit pas venir ajouter une pression additionnelle de performer.  Les athlètes et organisations vivent déjà divers types de stress, inutile d’en rajouter.
Quoi faire alors pour redorer notre blason dans le sport.  Le DLTA est un premier pas dans la bonne direction.  Par contre, il faut davantage d’entraîneurs et d’intervenants qualifiés pour le mettre en application.  Cela avec le soutien de divers structures dont les écoles, les municipalités, les entreprises privées, etc.  De plus, il faut changer notre fusil d’épaule en terme de valeurs que nous prônons dans le sport.  Il faut cesser de ne valoriser que la performance au détriment du développement.  Il en va de la santé des athlètes, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur les plans psychologique et émotionnel. L’apprentissage est un processus à long terme.  Nous passons un minimum de 11 ans (habituellement) sur les bancs d’école, mais le processus d’apprentissage s’étale sur toute une vie.  Il en est de même pour le sport.  Il s’agit d’un processus, souvent behavioral au début, mais qui doit amener l’athlète à réfléchir, à prendre des décisions, à perfectionner ses habiletés, à se dépasser sur le plan personnel, social, sportif et intellectuel.

Bref, bien que le développement et l’implantation du DLTA se fait progressivement au Québec dans plusieurs, notre société a un examen de conscience à faire.  Doit-on garder nos valeurs capitalistes associées à l’obtention du résultat à tout prix ou miser sur le développement et l’épanouissement des individus en tant que personne avant tout, le processus et l’acquisition de compétences primant sur le résultat comme le font les entreprises FedEx et Apple par exemple (Gerber, 2009)?  J’aimerais que vous me fassiez part de vos commentaires à cet égard.  Cette situation particulière nous touchant tous, autant dans le passé que maintenant et dans le futur.

Bibliographie
Gerber, M.E. (2009). The E Myth Enterprise: How to Turn a Great Idea into a Thriving Business.  HarperCollins Publishers, New York, NY.  199p.

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