L’utilisation des plateformes de force comme outil d’évaluation neuromusculaire

Le coaching et le développement athlétique sont deux processus composés de plusieurs étapes. Après avoir réalisée, conjointement avec l’entraineur sportif, une analyse détaillée des exigences du sport et du modèle de compétition que celui-ci souhaite mettre en place, le préparateur physique est en mesure d’identifier les qualités physiques qui soutiendront les exigences techniques et tactiques qui seront développées à l’entrainement (Turner et al., 2018). Ensuite, il est possible de sélectionner plusieurs tests afin d’évaluer les caractéristiques physiques (vitesse, puissance, force, flexibilité, capacité aérobie et anaérobie, etc.) des athlètes. Les résultats obtenus à ces tests permettront alors d’établir une comparaison avec le modèle de compétition que l’entraineur souhaite mettre en place pour ensuite mettre en place les programmes d’entrainement (Dupont & Bosquet, 2009). Ces tests seront répétés sur une base régulière (hebdomadaire, mensuelle ou à 2-3 reprises au cours de l’année) pour (1) évaluer la performance et (2) gérer la fatigue.

Un des tests les plus utilisés à ces fins est le saut vertical avec contre-mouvement ou countermovement jump (CMJ). Il s’agit d’un test très simple et fiable qui permet d’évaluer les qualités de puissance ou d’explosivité des membres inférieurs et de l’utilisation du cycle étirement-raccourcissement. De plus, il est possible d’utiliser ce test dans une optique de gestion de l’entrainement afin d’évaluer la fatigue neuromusculaire. Toutefois, cette évaluation demande que l’on s’attarde à l’analyse plus approfondie d’autres variables que seulement la hauteur du saut.

En effet, il existe plusieurs outils qui permettent d’évaluer la hauteur du CMJ, comme le Vertec, les tapis de contact, les accéléromètres et les plateformes de force. Afin d’obtenir un portrait plus complet de la stratégie de saut, les auteurs McMahon, Lake, & Suchomel (2019) soutiennent que les plateformes de forces sont actuellement considérées comme la référence pour l’évaluation du CMJ. En plus d’obtenir la hauteur du saut, il est possible d’obtenir des informations concernant notamment la puissance moyenne, la vélocité, le temps de d’envol, le temps de contact, le taux de développement de la force, etc. En fait, les logiciels associés à ces plateformes permettent d’obtenir une quantité importante de données concernant la force, la vélocité, le déplacement du COM et de la puissance lors des phases d’allègement, de décélération, de propulsion et de réception du saut. Ainsi, différents paramètres dérivés du CMJ peuvent permettre de détecter la présence d’une fatigue neuromusculaire suite à l’entrainement ou une compétition par exemple (Gathercole, Sporer, Stellingwerff, & Sleivert, 2015; Thorpe, Atkinson, Drust, & Gregson, 2017). 

D’une manière plus qualitative, l’évaluation des différentes phases (phases d’allègement, de freinage et de propulsion) de la courbe force-temps est intéressante afin de déterminer les effets du coaching et de l’entrainement, que cela sur le plan physiologique ou biomécanique (Cormie, McBride, & McCaulley, 2009; McMahon et al., 2019).

Il y a évidemment une certaine période de familiarisation pour l’utilisateur de plateformes de force, du logiciel et des données générées. Pour le moment, après plusieurs lectures sur le sujet, je fais le suivi des paramètres suivants : hauteur du saut, taux de développement de la force lors de la décélération, des asymétries gauche:droite, du temps avant envol (time to takeoff) et du Reactive Strength Index modifié ou RSImod en plus de regarder de manière globale la forme de la courbe force-temps. Pour ma part, il s’agit présentement d’un outil objectif qui s’ajoute à mon approche de gestion de l’entrainement dont je continue à développer.

À suivre au cours des prochains mois! Il y a beaucoup à apprendre sur ce sujet et l’utilisation du test du CMJ n’est qu’une toute petite partie du processus de développement athlétique. En fait, avoir cet outil génère présentement beaucoup de questions à répondre!

Références

Cormie, P., McBride, J., & McCaulley, G. (2009). Power-time, force-time, and velocity-time curve analysis of the CMJ: impact of training. Journal of Strength & Conditioning Research23(1), 177‑186.

Dupont, G., & Bosquet, L. (2009). Méthodologie de l’entraînement. (P. Laure & G. Millet, Éd.). Paris, France: Ellipses.

Gathercole, R., Sporer, B., Stellingwerff, T., & Sleivert, G. (2015). Alternative Countermovement-Jump Analysis to Quantify Acute Neuromuscular Fatigue. International Journal of Sports Physiology and Performance10, 84‑92.

McMahon, J. J., Lake, J. P., & Suchomel, T. J. (2019). Vertical jump testing. Dans P. Comfort, P. A. Jones, & J. J. McMahon (Éd.), Performance Assessment in Strength and Conditioning(p. 96‑116). New York, NY: Routledge.

Thorpe, R. T., Atkinson, G., Drust, B., & Gregson, W. (2017). Monitoring Fatigue Status in Elite Team Sport Athletes: Implications for Practice. International Journal of Sports Physiology and Performance12(Suppl 2), S227‑S234. 

Turner, A. A. N., Bishop, C., Cree, J., Carr, P., Mccann, A., Bartholomew, B., … Rscc, D. (2018). Building a High-Performance Model for Sport: A Human Development-Centred Approach.Strength and Conditioning Journal Publish

1 réflexion au sujet de “L’utilisation des plateformes de force comme outil d’évaluation neuromusculaire”

  1. coucou Xavier,
    Je pense que le CMJ est intéressant pour les sports à propulsion (détente) comme le basket, le volley, le football.

    Il est intéressant restrictivement pour les autres sports dans la mesure où il permet de connaître l’état musculaire des muscles recrutés afin de reconnaître un éventuel sous développement musculaire.

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