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Prédire la difficulté des matchs de football universitaire avec la RPE

La perception de l’effort (RPE) est utilisée de bien des manières dans l’entraînement.  Elle peut être utilisée pour mesure l’intensité d’un effort cardiovasculaire sans l’utilisation d’outils comme un moniteur de fréquence cardiaque.  Elle peut également servir à quantifier la charge d’entraînement interne dans un entraînement varié (combinaison d’activités de musculation et cardiovasculaires) comme j’ai déjà démontré dans cet article.

La RPE a également été utilisée comme moyen de prédire la difficulté des matchs en rugby pour ensuite tenter d’ajuster la charge d’entraînement à chaque semaine en fonction de l’adversaire, du nombre de jours d’entraînement entre deux matchs et l’endroit où se tiendra le match.  J’ai donc répété l’exercice selon l’article Planning and Monitoring Training Loads During the Competition Phase in Team Sports de Kelly & Coutts (2007).

Pour se faire, je me suis basé sur le calendrier 2013 de la ligue de football universitaire du Québec.  En étant préparateur physique avec les Redmen de l’Université au cours des deux dernières années, je les ai donc pris comme exemple.  J’ai également utilisé le Rouge et Or de l’Université, cette équipe étant la meilleure au Québec au cours des dernières années.  En premier lieu, il fallait tout d’abord classifier chacune des équipes de la conférence Québec selon le niveau d’opposition.  Je me suis fié sur le classement 2012 afin d’y parvenir.  Étant donné leur première position au classement, le Rouge et Or obtient le score de 6; l’Université de Montréal obtient 5, l’Université de Sherbrooke 4 et ainsi de suite.  J’ai également pris en considération le classement des équipes des Maritimes, puisque les deux équipes de Laval et McGill affrontent respectivement Acadia et Mount Allison lors de la troisième semaine d’activité.

La prochaine étape était d’établir le score selon le nombre de jours d’entraînement entre chaque match.  La majorité des équipes disposent d’une semaine, soit 7 jours entre chaque match.  Toutefois, les équipes du Rouge et Or et de McGill disputent souvent leurs matchs à domicile le dimanche et le vendredi soir, respectivement.  Cela fait en sorte de réduire certaines semaines de pratique à 6 jours ou des les allonger à 8 jours.  D’une manière ou d’une autre, cela influencera l’horaire de préparation.  Six jours de préparation et les membres de l’équipe se sentent pressés dans le temps, tandis que huit jours permet souvent une ou deux journées de repos additionnels.

*Lors du calendrier 2013, il y a relâche des activités lors de la fin de semaine de l’Action de Grâce.  J’ai donc attribué un score de 0 pour le nombre de jours d’entraînement entre les matchs.

Ensuite, il faut attribuer un score à la localisation de chaque match.  Le plus loin qu’une équipe doit voyager au cours de la saison consiste à jouer dans les Maritimes.  On parle ici d’un trajet d’une douzaine ou quinzaine d’heures d’autobus réparti sur plusieurs journées.  Ce voyage se voit donc attribuer un score de 4.  Ensuite, le trajet qui sépare les grands centres de Montréal, Québec et Sherbrooke se voit attribuer un score de 3, simplement pour différencier le fait de jouer à l’étranger, mais dans la même.  Par exemple, lorsque McGill visite l’Université de Montréal lors de la l’avant-dernière semaine d’activité, on attribue à ce match un score de 2 pour la localisation du match.

Lorsque l’on comptabilise toutes les données, nous obtenons les données suivantes:

Prédiction de la difficulté des matchs pour la saison 2013 – Université Laval

On peut donc voir que, pour le Rouge et Or de l’Université Laval, les matchs les plus exigeants se trouvent dans la première partie du calendrier de compétition, avec un test important lors du tout dernier match de la saison régulière.  Les matchs #5 et #6 ainsi que la semaine de congé présentent une belle occasion de reposer les joueurs en prévision des séries éliminatoires ou d’augmenter les demandes associées à la préparation physique afin de limiter la perte des adaptations obtenues lors de la période de préparation.

Prédiction de la difficulté des matchs pour la saison 2013 – Université McGill

Nous remarquons la même tendance avec les Redmen de l’Université McGill.  La difficulté des matchs semble globalement plus grande lors de la première partie du calendrier régulier.

Les données présentées ci-haut doivent toutefois être interprétées avec prudence.  Malgré une difficulté globale similaire de 7 et 8 au cours des deux derniers matchs des Redmen de McGill, le niveau d’opposition est important lors de la 8e semaine tandis que c’est le nombre de jours d’entraînement entre les matchs et la localisation du match qui importe davantage.

Les indices de difficulté donnent un portrait global du match à disputer qui doit ensuite être associé avec le calcul de la charge d’entraînement quotidienne des joueurs à chaque jour au cours d’une semaine de préparation.  Cela permettra au groupe d’entraîneurs d’établir un parallèle entre ce qui est planifié et ce qui est vécu au jour le jour.  Je n’ai malheureusement pas eu la chance d’expérimenter avec cet outil proposé par Kelly et Coutts (2007) dans leur article.  Néanmoins, cela représente une option intéressante à suivre compte tenu de la variabilité de la difficulté des matchs qui change à chaque semaine par rapport aux résultats des matchs précédents et des nouvelles évaluations des niveaux d’opposition.  Il s’agit là d’un processus dynamique de quantification de la charge d’entraînement selon le niveau de capacité actuel de l’athlète en fonction des changements du niveau d’opposition.  Le but est donc d’adapter le plus possible la programmation technique-tactique-physique en fonction de ce qui est perçu par les joueurs au fur et à mesure que la saison progresse et que des sources de stress comme les examens s’ajoute au stress physique du sport.  Bref, il s’agit d’harmoniser la perception de l’entraîneur avec celle de l’athlète, tout simplement.

Source:

Kelly, V.G. & Coutts, A.J. (2007). Planning and Monitoring Training Loads During the Competition Phase in Team Sports. Strength and Conditioning Journal. 29(4):32-37

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