Aujourd’hui, je vous propose un texte d’Arnaud Ferec, préparateur physique et consultant auprès d’athlètes de haut niveau, reconnu surtout pour son travail avec des joueurs de basketball aux États-Unis et en France. Un professionnel toujours à l’affût des diverses approches, autant en préparation physique que dans des domaines comme la neurophysiologie, la psychologie et la pédagogie, Arnaud nous propose depuis peu de partager son expérience et ses réflexions via la formation Pro-FTS. le texte que nous propose Arnaud évoque les débuts de Pro-FTS et son évolution jusqu’à aujourd’hui. Bonne lecture!
Au début des années 2000, à l’entame de ma carrière de préparateur physique (PP), on me disait que la vitesse, la force ou l’endurance étaient, en fonction du sport, des éléments déterminant de la performance. Lors de mes années à l’université, j’ai eu la chance de travailler avec un PP qui était un des premiers disciples de feu Gilles Cometti. Les French séries, comme on les a depuis appelés, ont été mon quotidien pendant près de 2 saisons à la fois pour me faire progresser et également pour commencer mon apprentissage. La passion de la haute performance a toujours nourri mes choix. Les progrès ont été là, tout de moins du point de vue des chiffres au squat, en verticalité mais pourtant, mon activité de basketteur ne s’en ai pas trouvé améliorer. Ma nouvelle détente (+12 cm au CMJ) ne se trouvait pas exploitée sur le terrain, j’avais également régressé sur mes capacités de défense (latéralité) alors que je me trouvais plus « solide » sur mes jambes. C’est là que j’ai commencé à questionner mes entrainements.
En parallèle de mes études de posturologie clinique, je travaillais avec des golfeurs du Challenge Tour (2ème division européenne) et rapidement, ils vous questionnent sur des notions d’équilibre dans le triangle de sustentation, de rythme, d’accélération progressive/taux de développement de force (de l’anglais Rate of Force Development ou RFD), de stabilisation, de relâchement et de gainage. Ces notions transversales ne sont que très peu abordées dans le cursus universitaire et encore moins mises en pratique. Le swing est probablement un des mouvements techniques les plus compliqués. Il requiert une rotation dans des plans peu commun en tournant le dos à la cible (le lieu d’atterrissage) et où il faudra lancer sa tête de club pour rencontrer une balle. Heureusement que la balle est immobile ! Concevoir des entrainements pour améliorer les rotations est un véritable casse-tête. La revue de littérature scientifique et les publications dans des livres d’entrainement au début des années 2000 n’étaient pas très enrichissantes. Les retours de mes golfeurs sont primordiaux et me permettent de voir que le squat leur donne une meilleure stabilité quand ils adressent la balle, mais ne travaille pas leur vitesse de club. De plus, la distance des parcours augmentant avec l’effet « Tiger Woods », ils doivent absolument gagner une quinzaine de mètres au drive pour rester compétitifs. L’utilisation de poulies se révèle peu concluante, car détruit la technique et les sensations. En effet, travailler contre un poids requiert de l’accélérer ou de lancer ; c’est aussi et surtout augmenter la force sur l’ensemble du chemin de lancement. Autrement dit, il a fallu se creuser la tête pour offrir une résistance constante sur le mouvement. Quoi de mieux que les élastiques ?
J’ai toujours été un fan du travail en chaînes musculaires et, pour avoir passé beaucoup de temps sur les tables d’ostéopathes pour mes besoins personnels durant ma carrière de joueur de basket, j’ai rapidement été initié à Mézière, Struyf-Denys et Busquet. Aussi, en combinant ce concept de globalité et les élastiques je commençais à bricoler des enroulements pour créer des tensions dans la rotation. Attaché depuis l’épaule, tournant autour du corps et de la jambe avant, je tenais l’autre extrémité de manière à mettre de la tension pendant les swings afin de trouver la « bonne » tension en fonction du retour du golfeur. Les retours étaient bons. Il ressentait les contraintes sans être gêné dans son mouvement. Mais voilà, après 2h de swing, des deux protagonistes, j’étais probablement celui qui était le plus fatigué – les golfeurs sont des stakhanovistes et peuvent s’exécuter plus longtemps que le lapin DURACEL ! Pour octroyer une pause à mes mains, je fis un nœud sur le pied opposé à l’épaule et parti m’acheter une boisson. À mon retour, 5 minutes plus tard, le feedback du sportif était exceptionnel. Ces sensations étaient simples : il se sentait stable, connecté et « globalement investi » dans son mouvement. Le fait de bouger les épaules lui donnait une connexion avec son pied et lui donnait des « bornes » dans son transfert de force et dans son rythme.
Et voilà comment est né PRO-FTS. Mon application des élastiques s’est trouvé multiplié lors de son utilisation dans le basket, où le travail de motricité est primordial pour ne pas perdre de temps – plus le terrain est petit et plus on se doit d’être disponible pour réagir aux actions adverses. Les enroulements de bandes permettent tantôt de faciliter, tantôt de d’augmenter les contraintes appliquées. Quand on travaille avec des joueurs mesurant 2m10 et plus, le gainage devient un must have ! Les bandes permettent de cibler leur faiblesse et de maximiser leur temps de travail. Ils sont un outil au service d’une stratégie.
C’est en 2007, suite à une présaison sur une équipe de PRO A, qu’une équipe de ligue 1 me demanda de proposer une formation sur mes élastiques. PRO-FTS sortit du cocon. Presque 10 ans déjà ! Et depuis, au gré de mes disponibilités, je propose à qui le souhaite de découvrir et de s’approprier cette outil. PRO-FTS c’est une méthodologie – pas la seule – de reprogrammation motrice. La reprogrammation motrice est un terme que j’ai « trademarké » et que je préfère nettement au terme communément employé de « correction ». Corriger, c’est aussi inculquer la notion de rigidité. Une correction implique de voir le mouvement comme bon ou mauvais et de dire que les compensations sont dangereuses… Or les compensations sont essentielles à la survie. Notre rôle est d’offrir des stratégies de compensations variées et optimales pour que l’athlète puisse s’adapter à ce qui lui sera présenté en compétition. Et puis finalement, on ne « corrige » pas, on propose à l’athlète et je pense que cela fait tout la différence dans l’approche pédagogique en le mettant au centre de ses apprentissages plutôt que la relation contenant/contenu. La reprogrammation motrice se situe pour moi à la limite des théories de l’apprentissage et du contrôle moteur. Pour citer Delignière, « les théories du contrôle moteur tentent de rendre compte de la manière dont les sujets produisent des comportements moteurs adaptés aux contraintes de tâches spécifiées. On se situe ici dans une problématique de production. Les théories de l’apprentissage visent à comprendre comment un sujet s’adapte à une tâche inédite, par l’adoption d’un comportement nouveau. On se situe alors dans une problématique d’acquisition. D’une manière générale, les théories du contrôle moteur s’intéressent à la gestion des habiletés sur-apprises, c’est-à-dire à la motricité de l’expert. À l’inverse les théories de l’apprentissage portent sur la construction de l’habileté. »
En tant que PP, on est garant du temps et devons donc mettre la notion de transfert vers l’activité au centre de nos préoccupations. La relation entre l’acquisition d’une habilité et son utilisation sur le terrain, c’est la reprogrammation motrice. C’est à dire transformer une habileté déjà existante et s’assurer de son exploitation correcte ou transcription dans l’activité. Que l’on se place dans un sport à habiletés fermées (athlétisme par exemple) ou à habiletés ouvertes, s’assurer d’une qualité de mouvement demeure une base importante pour construire le succès. Comprendre comment les programmes moteurs sont stockés et comment nos apprentissages s’enchaînent sont au centre de mes réflexions et recherches personnelles. On voit par exemple que sous un stress ou une fatigue importante, les anciennes habitudes resurgissent. On élargit donc les domaines biomécanique et neurophysiologique pour intégrer des concepts psychologiques. La performance est systémique et son entrainement doit la nourrir par la diversité.
Dans la formation E-TRAINER, disponible sur IOS, nous abordons ces diverses notions. Tout en gardant à l’esprit que c’est le 1er niveau d’une formation à 3 étages avec pour vocation l’application pratique. Au travers de plus de 8 heures de contenus vidéos. PRO-FTS, c’est avant tout une formation à la réflexion sur les activités et exercices que nous mettons tous en pratique quotidiennement. À chaque chapitre, vous vous posez de nombreuses questions sur le fonctionnement du système musculaire et neuromusculaire. Le travail du gainage y tient une place prépondérante comme évidement l’utilisation des élastiques pour stimuler la proprioception et activer des zones spécifiques dans le mouvement. La vidéo ci-dessous vous donne un bref aperçu du contenu de la formation.
Si vous désirez obtenir plus d’information sur la formation E-TRAINER, vous pouvez consulter le site web de PRO-FTS en cliquant sur le lien suivant : http://www.pro-fts.com. Si vous désirez suivre cette formation en ligne, vous pouvez utiliser le code xrperf20 afin d’obtenir un rabais de 20% sur le prix d’inscription.
Référence :
[1] Muscle activity during the golf swing A McHardy, H Pollard Br J Sports Med 2005;39:799-804 doi:10.1136/bjsm.2005.020271