Présentation sur les blessures à la tête chez les enfants

Hier, c’était jour de fête nationale au Québec.  Pour ma part, j’étais à Ottawa avec mon collègue Patrick Beriault de ComplexCore pour assister à la présentation du Dr. Michael Vassilyadi, neurochirurgien pédiatrique au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, directeur du projet de recherche du même établissement sur les commotions cérébrales et professeur associé à l’Université d’Ottawa.  La présentation était super intéressante sur un sujet d’actualité qui me touche directement, puisque je travaille majoritairement avec de jeunes joueurs de football américain.  Malgré le fait que Mr. Vassilyadi a fait défiler sa présentation très rapidement (donc presque impossible à prendre des notes…), j’ai pu relever quelques informations importantes.

En premier lieu, la commotion cérébrale est induite par des forces biomécaniques traumatiques («traumatic biomechanical forces») qui va causer un dysfonctionnement de la communication cellulaire à l’intérieur du cerveau.  À l’intérieur des neurones, suite à un trauma, le potassium (K+) sort de la membrane, mais ce dernier est remplacé par le calcium (CA2+).  Cela cause donc une dysfonction métabolique.  concussion

Les symptômes d’une commotion cérébrale seront donc à la fois physiques suite à l’impact (maux de têtes, nausées, douleur au cou, pression dans la tête, etc.).  Toutefois, comme le soutient le Dr. Vassilyadi, les symptômes cognitifs, émotionnels et de régulation («maintenance») sont autant sinon plus importants que les symptômes physiques.  On peut noter une baisse de l’irritabilité, de la dépression, des troubles de mémoire ou de concentration, de la nervosité, une baisse des résultats scolaires, de la difficulté à dormir, etc.

Et c’est justement sur cet aspect que j’aurais aimé que le Dr. Vassilyadi élabore davantage.  Ces symptômes cognitifs, émotionnels et de régulation sont à la fois perceptibles par les parents, mais également par l’entourage immédiat de l’athlète, soit les professeurs, les amis/coéquipiers et les entraîneurs (sportif, développement athlétique).  Lors du séminaire GAIN VI, l’importance de développer des relations («building relationships») était un thème fort de l’événement et la présentation d’hier rajoute de l’importance à cela.  Il n’est pas suffisant de simplement s’occuper de développement physique d’un jeune athlète.  Celui-ci est dans une période critique de son développement personnel, autant sur le niveau social et psychologique.  Je crois que notre impact, en tant que professionnel et aussi en tant que personne, est beaucoup plus grand que simplement s’assurer que l’athlète en question soit prêt à participer à son sport.

Pour poursuivre avec la conférence, l’importance du repos complet a été soulignée à plusieurs reprises.  Par repos complet, nous entendons non seulement le repos physique, mais également le repos cognitif.  Le Dr. Vassilyadi a présenté 6 étapes de retour à la compétition (Vraiment? On peut parler de retour à l’entraînement et non de retour à la compétition selon Bill Knowles, car l’athlète n’est certainement pas au même niveau de préparation que les autres athlètes) et la première étape consiste à un repos complet jusqu’à ce que tous les symptômes physiques disparaissent.  Cela inclut aucune activité physique, de retirer l’athlète de l’école et de limiter toutes les sources de stress cognitif comme l’envoi de messages textes, l’utilisation de l’ordinateur et des jeux vidéo et de limiter la lecture et la télévision à un minimum.  Ensuite, graduellement, l’athlète pourra réintégrer ces activités à son quotidien.  Toutefois, il faut spécifier que l’apparition du syndrome post-commotion peut apparaître longtemps après la blessure.

Finalement, il est possible de résumer le programme de prévention des commotions en quatre points:

  • Éducation: Facteurs de risques, moyens de diminution le risque de commotions (casque protecteur!).
  • Reconnaissance: Savoir identifier les symptômes physiques, cognitifs, émotionnels et de régulation.
  • Retirer: Retirer l’athlète du jeu immédiat afin de prévenir un second impact qui serait encore plus dangereux.
  • Référence: Ne pas avoir peur de référer à un spécialiste; enlever le fardeau de la responsabilité de sur les épaules des parents.

Mais surtout, en ce qui a trait avec les commotions cérébrales, il faut savoir les reconnaître et être patient, car le processus de retour est variable et peut être très long.  Malgré le fait que cela peut prendre des semaines et même des mois, cela vaut mieux que de subir des dommages qui nous hanteront pour le reste de nos jours, à mon avis.

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