Ou comme Bob dans le film Les Boys dirait: «Mental toughness; la dureté du Mental»!
Pour certains, ce concept de «mental toughness», dans le cadre de la préparation physique du moins, est de pouvoir supporter les séances les plus difficiles pour que lorsqu’en situation de compétition, l’athlète en question soit en mesure de compétitionner tandis que l’adversaire en est incapable.
Un des moyens privilégiés pour travailler le mental réside dans la réalisation d’activités de haute intensité avec des repos très très courts de façon à solliciter fortement la production d’énergie via le système de la glycolyse anaérobie. Ce système de production d’énergie utilise le glucose (via le glycogène ou le glucose sanguin) pour produire du pyruvate et, au cours de la réaction chimique, de l’ATP. Or, le pyruvate est dépendant de la présence d’oxygène dans l’équation. Avec oxygène, il peut être converti en acétyl-coenzyme A. Sans oxygène, il est converti en lactate. Ce lactate, si bien utilisé avec un temps de repos adéquat, peut être une source d’énergie très utile. Toutefois, une utilisation prolongée sans un apport adéquat d’oxygène et l’effort devient vite intolérable. (Note: ce concept est très complexe; j’ai décidé de limiter la théorie pour simplifier le texte)
Or, ce travail prolongé dans cette filière énergétique n’est pas nécessairement une bonne chose. Dans plusieurs sports de nature intermittente, les efforts déployés ne ciblent que rarement le système anaérobie lactique. Des sports comme le soccer, le football et le baseball sont des sports dits anaérobique-aérobiques (anaerobic-aerobic) de part l’alternance d’efforts courts de haute intensité (5-7 secondes) et de périodes de repos à plus faible intensité sollicitant le système aérobie de production d’énergie (exemple du football américain avec 40 secondes de pause entre chaque jeu). Bien qu’un certain travail en anaérobie lactique peut être planifié dans une planification annuelle d’entraînement dans un but précis, la préparation physique doit être spécifique au sport pratiqué. Est-ce que performer des suicides et faire en sorte que les joueurs quittent le terrain en rampant les a préparer aux demandes du sport? Est-ce que pousser un client en entraînement privé jusqu’à ce que celui-ci vomisse a été bénéfique selon les objectifs poursuivis?
Je crois plutôt que le concept de «mental toughness» réside dans une préparation optimale qui va au-delà de la préparation physique. Oui, l’athlète doit être physiquement prêt à subir les contraintes imposés à l’organisme par la simple pratique du sport. Toutefois, il ne faut pas négliger l’aspect psychologique qui est associé à la performance sportive. Prenons le cas d’un athlète individuel en plongeon par exemple (pour faire changement ;)). L’athlète en question doit être en confiance en ses capacités à réaliser des figures acrobatiques de niveaux de difficultés différents. Ce dernier doit également subir la pression non seulement de ses adversaires s’ils réussissent des scores élevés, mais également la pression des pairs, de son entraîneur, des commanditaires. Des performances décevantes en pratique peuvent venir hanter ses pensées d’avant-compétition et nuire à ses résultats. Si l’athlète surmonte tous ces facteurs et obtient la médaille d’or, n’est-il pas «mentally tough»?
Cette résilience peut être développée de plusieurs façons: imagerie mentale, simulation de la compétition, utilisation de la vidéo, maîtrise des éléments techniques-tactiques, préparation physique optimale, etc. Il ne s’agit donc pas de pousser l’athlète à la limite sur la plan physique. Le physique et le psychologique vont de pair dans l’optimisation de la performance sportive. Si la tête n’y est pas, celle-ci ne poussera pas le corps à se dépasser et si le corps ne peut suivre l’esprit, le risque de blessures augmente considérablement et ralentira éventuellement la progression de l’athlète.
Alors, pensez-y la prochaine fois lorsque vous déciderez de pousser la machine à fond jusqu’à atteindre le point de non-retour. Vous aurez peut-être fait plus de tort que de bien.
Ping : Devez-vous sortir épuisé de vos séances ? | Xavier Barbier - Préparateur physique
Ping : Devez-vous sortir épuisé de vos séances ? | Xavier Barbier - Préparateur physique - Evry