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Retour sur la conférence en médecine sportive «Suivi médical de l’athlète d’endurance»

Vendredi dernier, j’ai pu assister la conférence en médecine sportive «Suivi médical de l’athlète d’endurance» dans le cadre du Ironman de Mont-Tremblant qui avait lieu hier, dimanche.  J’ai pu assister à cet évènement grâce à l’une des organisatrices, qui est la mère d’un jeune joueur de tennis que j’encadre en préparation physique.  De plus, il s’agissait pour moi d’une belle opportunité d’en apprendre davantage sur le triathlon, un sport qui gagne en popularité depuis plusieurs années.

Exterior_F_1 Westin TremblantLes nombreux présentateurs étaient des professionnelles de la santé (ostéopathe, kinésiologues, chiropraticiens, médecins sportifs, chirurgiens orthopédistes et pneumologue) présentant des conditions physiques et médicales associées aux athlètes d’endurance.  La majorité de ces conditions sont des blessures de surutilisation, ce qui est souvent associé avec la mentalité des athlètes d’endurance de toujours en faire plus.  Le message des différents intervenants au cours de la journée était de changer cette vision à propos du volume et de mettre l’accent sur la qualité de l’entraînement, surtout à propos de la biomécanique des activités de course, notamment.

Le premier présentateur était Jean-François Harvey, ostéopathe, kinésiologue et auteur du livre «Courir mieux».  Ce dernier a passé en revue les différentes blessures associées à la course à pied; on parle de fasciapathie plantaire, tendinopathie du tendon d’Achille, périostite, de syndrome fémoro-patellaire et beaucoup d’autres blessures des membres inférieurs.  Il soutient également que 40-85% des coureurs subiront une blessure au cours d’une année de course à pied.  La cause de toutes ces blessures selon Jean-François Harvey? La surutilisation ou la mal-utilisation du corps (mauvaise qualité du mouvement) et les forces d’impacts répétées qui sont inadéquates. La solution à toutes ces blessures? Une vision globale qui englobe le dosage de l’entraînement (principe de progression), l’adoption d’une technique de course optimale, l’entraînement hors-course (flexibilité, force, proprioception), la récupération, la modification de la composition corporelle, la nutrition et le choix des compétitions selon son niveau d’expérience, entre autres.

La seconde présentation était celle du Dre. Mireille Belzile sur la fatigue chez l’athlète d’endurance.  Cette dernière a d’abord identifié les symptômes de fatigue chez l’athlète.  On parle ici, tout d’abord, d’une baisse de rendement en compétition, des changements dans les fréquences cardiaques au repos et à l’effort, de douleurs musculaires, de sensation de jambes lourdes, de maux de têtes, d’infections virales plus fréquentes, etc.  En plus des symptômes physiques, il faut également considérer les facteurs psychologiques, tels que les changements d’humeur, l’irritabilité, la perte d’appétit, la diminution de la motivation, la perte de confiance en soi, etc.  Pour pallier à cette fatigue, les solutions sont simples et facilement accessibles.  On parle ici de nutrition, du sommeil, d’un bilan médical complet et de suivi de l’entraînement.  En nutrition, on s’assure que l’athlète consomme suffisamment de calories pour soutenir son entraînement, grâce à une consommation adéquate de glucides (50% des calories) pour soutenir les sorties à l’entraînement.  On s’assure également de soutenir l’entraînement et la récupération par la consommation d’aliments avant, pendant et après les efforts.  Pour le sommeil, il faut viser 8-10 heures de sommeil par nuit.  Si l’on est incapable d’atteindre ces valeurs, on peut inclure des siestes pendant la journée.  Il faut aussi s’assurer d’une qualité de sommeil qui est optimale à la récupération.  Le temps d’endormissement devrait être de moins de 15 minutes et de se réveiller frais et dispo le lendemain matin.  Finalement, le Dre. Belzile a présenté sur les différents moyens de récupération comme les bains froids, les bas de contention, la massothérapie, etc.

Les présentations suivantes étaient davantage orientées vers les professionnels de la santé comme les médecins, les chiropraticiens et les physiothérapeutes.  Voici sous forme de points, ce que j’ai retenu de ces présentations:

  • Dr. Marc Gosselin, directeur médical du Ironman de Mont-Tremblant et le suivi de l’athlète d’endurance de 7 à 77 ans : Concernant les pathologies cardio-vasculaires, un examen pré-participation est indispensable et permettra ensuite d’investiguer davantage en profondeur si cela est nécessaire.  Il s’agit de bien dépister les antécédents familiaux et personnels (douleurs à la poitrine, palpitations, souffle au coeur, etc.) pour ensuite, au besoin, prescrire un ECG et d’autres tests.
  • Dr. Antoine Turcotte, chirurgien orthopédiste et le syndrome fémoro-patellaire: La douleur antérieur du genou  peut présenter plusieurs causes.  Il est important de faire un examen différentiel pour identifier la cause réel.  S’agit-il d’une douleur constante et non-reliée à l’activité sportive?  Est-ce un souris articulaire? S’agit-il d’une douleur reliée à l’activité sportive? Dans ce cas, on peut penser à une surcharge des tissus mous, à une surcharge au niveau de l’articulation, d’une maladie inflammatoire ou d’une maladie systémique.
  • Dr. Jean-François Chalifour, pneumologue et la mise au point sur l’asthme chez l’athlète: Il est impératif de différentier l’asthme et la bronchoconstriction induite à l’effort.  L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches qui, si non traitée grâce à des corticostéroïdes inhalés, entraîne une perte irréversible des fonctions respiratoires.  La bronchoconstriction induite à l’effort se déclenche par un mécanisme différent.  Il s’agit d’une perte d’eau suite à l’inspiration qui mène à un refroidissement et une déshydratation de la surface des bronches.  Les allergènes, l’air froid et sec, la pollution et les dérivés de chlore et une ventilation plus élevée peuvent causer cette bronchoconstriction.  Le simple fait de diagnostiquer un asthme personnel vs une bronchoconstriction induite à l’effort et prendre la médication associée augmente de 15% la performance de l’athlète.
  • Dr. Mathieu Carrier, chirurgien orthopédiste et Marc Therrien, kinésiologue et la mise à jour sur l’arthrose et la course à pied: L’arthrose est une maladie dégénérative.  Il faut identifier les facteurs de risque non-modifiables (âge, sexe, génétique) et modifiables (surpoids, travail, biomécanique).  Après l’évaluation clinique et le diagnostic établi, on peut évaluer les facteurs mécaniques dynamiques qui peuvent, à la longue, causer cette arthrose.  On inclura également une approche ciblant la modification de la composition corporelle (perte de poids) via la nutrition et une évaluation des occupations et des loisirs.  L’exercice physique est important dans le traitement de l’arthrose de part son effet sur la perte de poids, à stabiliser le genou et mieux répartir les forces sur l’articulation, en plus de maintenir un état «fonctionnel».  Si une personne souffrant d’arthrose subit un remplacement de la hanche ou du genou, l’activité physique est toujours conseillée, mais doit être adaptée à la nouvelle réalité du patient.  Les activités à faible impact sur les articulations sont à privilégier.  On parle ici de la marche, du vélo, de la natation et des activités de glisse comme le ski de fond et le ski alpin selon l’expérience du patient.

Finalement, la journée s’est terminée avec un atelier multidisciplinaire sur l’approche des syndromes myofasciaux grâce au Graston, au Kinesio Taping, au ART et aux points de gachette (Trigger points).

Pour la première édition de la conférence en médecine sportive «Suivi médical de l’athlète d’endurance», celle-ci s’est avérée un succès.  Le message des présentateurs reflète l’importance d’une collaboration entre les différentes professions de la santé pour la prise en charge des athlètes d’endurance, blessure ou non.  Par la suite, bien que le focus sur le volume soit important afin de pouvoir compléter une épreuve comme un marathon ou un triathlon, les intervenants ont rappelé la nécessité de posséder une bonne technique de course sur le plan biomécanique.  Le focus sur le contrôle moteur et la qualité du mouvement est aussi importante que la physiologie du corps humain, surtout quand une meilleure technique diminue les pertes d’énergie et aide à prévenir les blessures.

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