Revue du séminaire de Bud Charniga à l’Université McGill

Hier, j’ai eu la chance d’assister à un séminaire sur l’haltérophilie, résultat d’une collaboration entre l’Université McGill et le club d’haltérophilie Concordia-International.  Pour cet événement, le présentateur était nul autre que Bud Charniga, un ancien haltérophile maintenant entraîneur possédant 45 ans d’expérience dans le domaine, qui assiste à de nombreuses compétitions de niveau international (notamment les Jeux Olympiques!) et se spécialise dans l’étude de la biomécanique et des techniques d’entraînements russes.

Bud Charniga à gauche. Source: http://www.maxfitusa.com/2010/07/

Le séminaire était divisé en deux parties.  La première partie portait sur davantage de théorie sur l’haltérophilie, tandis que la seconde était axée sur la mise en pratique.  Malheureusement, je n’ai pu assisté à la seconde partie en entier, puisque je m’étais engagé à aider le préparateur physique de l’équipe de hockey masculin pour les tests physiques dans l’après-midi.  Je vous ferai donc un résumé de la première partie du séminaire.

Note: Le format du séminaire était informel.  Donc, M. Charniga n’avait pas vraiment d’ordre dans sa présentation.  Le plus simple sera donc pour moi de vous présenter l’information sous forme de points.
 

– L’arraché est techniquement différent de l’épaulé.  La charge est plus légère, donc voyage plus rapidement.  Un athlète n’a donc pas besoin d’autant de force pour réaliser un arraché. (Note de XRP: ce mouvement pourrait donc bien s’intégrer pour des sports à dominance vitesse-force comme les sports de lancers par exemple)

– La position athlétique est la position la plus forte du corps humain, d’où l’importance d’établir une solide fondation grâce au romanian deadlift, entre autres.

– L’épaulé à partir du sol est un mouvement beaucoup plus lent que l’arraché; celui-ci permet donc l’application d’une plus grande force dans le sol.  Pour savoir si  un athlète utilise bien sa force, son poids soulevé à l’épaule du sol doit être 80-85% de son 1RM au squat. (Note de XRP: Bud Charniga parlait beaucoup du squat sans toutefois préciser quelle variation.  À un reprise, il a mentionné préférer le front squat pour sa spécificité à l’haltérophilie et son caractère prévention de blessures à long terme au niveau lombaire.  J’insinue alors un 80-85% de son 1RM au front squat)

– Pour Bud Charniga, le concept de la triple extension n’existe pas dans la réalité.  Il y a toujours un certain degré d’inclinaison dans le complexe cheville-genou-hanche lors d’un mouvement en haltérophilie.

«Training is technique and technique is training»

– Un athlète d’élite possède deux caractéristiques qui les distinguent des autres athlètes de niveaux inférieurs: la motivation et la coordination.  La (meilleure) motivation est intrinsèque.  L’entraîneur en haltérophilie doit donc aider l’athlète à perfectionner sa coordination, quitte à diminuer de manière significative la charge pour améliorer la coordination. (Note de XRP: cette règle s’applique dans toutes les sphères de l’entraînement.  Je privilégierai toujours une technique superbe avec une charge moindre à une charge excessive avec une technique déficiente)

– Plus un athlète gagne de l’expérience en haltérophilie, plus celui-ci sera en mesure de descendre rapidement sous la barre et la réceptionner très bas à cause d’une meilleure coordination intermusculaire.

– La phase d’hypertrophie tel qu’indiquée dans une périodisation classique, c’est comme pelleter de la neige en hiver.  Tu accumules toute cette neige pendant un certain temps, mais une fois que le temps chaud arrive, cette neige que tu as accumulée fond… (Note de XRP: Pour les sports avec une période de préparation courte, le mieux est de tomber immédiatement en période de préparation spécifique spécifique comme l’a décrit Raymond Veillette ici.  Pour le football, cela peut dire de développer l’hypertrophie fonctionnelle, i.e. une hypertrophie des sarcomères grâce à des mouvements complexes et non à l’utilisation de protocoles tirés du bodybuilding par exemple.)

– La pratique d’un autre sport pour assister le sport que l’on pratique: si un athlète pratique un sport dynamique comme le basketball ou le soccer, ce dernier soit pratiqué un sport dynamique comme l’haltérophilie et non la dynamophilie/powerlifting, où le but est de déplacer une charge lourde lentement, tandis que l’haltérophilie consiste à soulever une charge sur une plus grande distance à plus grande vitesse. (Note de XRP:  Il faut prendre en considération que M. Charniga est un ancien haltérophile.  Un ancien dynamophile tiendra possiblement le même discours…)

– L’entraînement en haltérophilie peut être varié ou monotone.  M. Charniga soutient que beaucoup d’excellents résultats ont été atteint grâce à l’entraînement exclusif de l’arraché, de l’épaulé-jeté et du squat.  La monotonie produit des résultats en entraînement et la stimulation est intrinsèque et provient de la recherche de la parfaite coordination. (Note de XRP: Est-ce que cela est applicable dans les sports d’équipes qui demandent des actions plus variées et complexes dans plusieurs vecteurs de force différents?)

En conclusion, j’ai sans aucun doute retirer beaucoup de nouvelles connaissances avec ce séminaire.  Je retiens surtout l’importance de la coordination, puisque cela s’applique dans l’entraînement en général ainsi qu’à la pratique sportive.  On recherche un mouvement fluide, rapide et avec le moins de pertes d’énergie possible.  J’ai bien aimé l’approche distinctive proposé par M. Charniga entre l’arraché et l’épaulé et comment je pourrais possible l’appliquer dans le contexte d’entraînement d’athlètes dans différents sports.  Cependant, je me questionne sur certaines affirmations de M. Charniga.  Je crois que l’entraînement d’un athlète pratiquant un sport technico-tactique doit être plus complet que juste réaliser des exercices d’haltérophilie.  Ce genre d’athlète doit sauter, déployer de la force au sol, tous deux entraînables avec l’haltérophilie.  Mais qu’en est-il de la capacité de cet athlète à sprinter, une action qui s’effectue avec un vecteur de force antéro-postérieur?  Pour les changements de direction, des actions médio-latérales?  Je considérerais ainsi l’haltérophilie comme une méthode qui me permettrait de développer certaines qualités.  Je crois que M. Charniga parlait plus de l’haltérophilie comme une finalité dans son discours.  Je crois qu’il est possible d’utiliser bien des moyens et méthodes pour développer la puissance et que l’haltérophilie est une de ces méthodes.  En résumé, ce fut un séminaire super intéressant rempli d’informations techniques très pertinentes au sport de l’haltérophilie.  Ce séminaire me donne même le goût d’entamer ce genre d’entraînement afin de pouvoir mieux enseigner ces mouvements et corriger les athlètes que je supervise.  Ce que j’aime mon métier!

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